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Béguinages flamands

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Découvrir les Béguinages flamands

Les béguines, ces femmes qui consacraient leur vie à Dieu sans pour autant se retirer du monde, fondèrent au XIIIe siècle des béguinages, ensembles clos répondant à leurs besoins spirituels et matériels. Les béguinages flamands forment des ensembles architecturaux composés de maisons, d’églises, de dépendances et d’espaces verts organisés suivant une conception spatiale d’origine urbaine ou rurale et construits dans les styles spécifiques à la région culturelle flamande. Ils constituent un témoignage exceptionnel de la tradition des béguines qui s’est développée dans le nord-ouest de l’Europe au Moyen Âge.

Valeur universelle exceptionnelle des Béguinages flamands

Brève synthèse

Les béguinages flamands sont une série de 13 sites dans la région des Flandres en Belgique. Ils constituent un témoignage extraordinaire de la tradition culturelle des béguines, qui s’est développée dans le nord-ouest de l’Europe au Moyen-Âge.

Ces béguines étaient des femmes généralement célibataires ou veuves ayant fait vœu de servir Dieu sans se retirer du monde. Au XIIIe siècle, elles ont fondé les béguinages, des ensembles communautaires cloîtrés destinés à satisfaire leurs besoins spirituels et matériels.

Les béguinages flamands formaient des ensembles architecturaux, entourés d’un mur d’enceinte ou de fossés, dont les portes étaient ouvertes sur le monde extérieur la journée. À l’intérieur, ils se composaient de maisons, églises, bâtiments auxiliaires et espaces verts organisés en une conception spatiale d’origine urbaine ou rurale, et construits dans des styles spécifiques à la région culturelle flamande.

Critère (ii) : Les béguinages flamands présentent les caractéristiques physiques saillantes d’une planification urbaine et rurale ainsi qu’une combinaison de l’architecture religieuse et traditionnelle de styles spécifiques à la région culturelle flamande.

Critère (iii) : Les béguinages apportent un témoignage exceptionnel sur la tradition culturelle de femmes religieuses indépendantes en Europe du Nord-Ouest au Moyen-Âge.

Critère (iv) : Les béguinages constituent un exemple exceptionnel d’ensemble architectural associé à un mouvement religieux caractéristique du Moyen-Âge qui associe valeurs séculières et monastiques.

Intégrité

Les sites inscrits sont les béguinages les plus représentatifs de la tradition béguine, identifiés sur la base de leur développement historique et architectural et de leur état de conservation. Ces treize béguinages témoignent de leur fonction originale, même si beaucoup ont été endommagés lors des Première et Deuxième Guerres mondiales. Ils ont conservé leur caractère résidentiel ainsi que leur configuration avec église ou chapelle, rues ou places avec maisons communautaires et individuelles, etc. Aujourd’hui, la plupart des béguinages constituent toujours des éléments clairement définis du tissu urbain et sont considérés comme des havres de tranquillité, comme ils l’étaient jadis. En certains endroits, le caractère cloîtré est préservé, même si de nombreux béguinages ont perdu cette caractéristique durant la période française, lors de laquelle les portes ont été enlevées. Les limites des zones inscrites sont suffisantes pour inclure les attributs de Valeur universelle exceptionnelle, mais bon nombre des composantes n’ont pas de zone tampon. Les béguinages sont généralement en bon état.

Authenticité

Le mouvement des béguines en Flandres a disparu mais la plupart des béguinages continuent d’être recherchés comme des havres de paix et des cadres appropriés à un mode de vie mêlant vie communautaire et vie privée.

Retirés des centres historiques animés, les béguinages ont toujours respecté l’habitat comme fonction essentielle et ont ainsi conservé, en dehors de quelques modifications généralement superficielles, l’organisation caractéristique et l’architecture fonctionnelle simple qui leur confère leur atmosphère particulière de cadre utopique, où sentiment communautaire et respect de l’individualité sont parfaitement équilibrés.

Il ne reste aucune construction entière du Moyen-Âge, en dehors de certaines églises. Les premières maisons béguines ont été remplacées, par ordonnance municipale, par des édifices en briques ou pierres aux XVIe et plus particulièrement au XVIIe siècles, même s’ils ont généralement suivi la disposition et la superficie originales. Au XVIIe siècle, le nombre croissant de béguines imposa de nouvelles constructions dans les espaces initialement disponibles. Au XVIIIe siècle, le nombre de béguines déclina et les maisons furent démolies. De nouvelles maisons ou bâtiments furent ajoutés dans certains béguinages aux XIXe et XXe siècles.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

Les treize béguinages flamands sont classés comme monuments, sites ou sites urbains. Dans un certain nombre de cas, des édifices isolés tels qu’une église ou une chapelle ont été inscrits séparément.

En ce qui concerne la propriété des béguinages, plusieurs cas s’appliquent : parfois, on trouve un propriétaire unique (en général une autorité locale d’intérêt public). Dans d’autres cas, la propriété est fragmentée au point que chaque maison ou presque a un propriétaire privé différent, ce qui complique l’élaboration d’une stratégie commune de gestion. Néanmoins, en conséquence de l’inscription des béguinages, toute intervention sur un béguinage et ses composantes doit être approuvée par l’administration régionale des sites et monuments.

Cela n’est pas le cas pour les environs des béguinages, pour la plupart non protégés. Cependant, les béguinages et leurs environs sont généralement situés intégralement ou en partie dans des zones d’aménagement d’intérêt culturel, historique et/ou esthétique particulier (zones CHE), dont l’objectif premier est la conservation et la mise en valeur du patrimoine culturel. Néanmoins, la plupart des béguinages n’ont pas de zone tampon. Si des zones tampons ont été identifiées au moment de l’inscription, beaucoup sont désormais considérées insuffisantes. Par conséquent, une évaluation s’impose afin de suggérer une correction et/ou une extension des zones tampons des béguinages et l’élaboration d’une protection appropriée pour leurs cadres.

Une stratégie commune de gestion et un système de gestion pour l’ensemble du bien du patrimoine mondial des béguinages flamands et pour les béguinages individuels devront être élaborés.

© UNESCO http://whc.unesco.org/fr/list/85 Le Centre du Patrimoine mondial. Tous droits réservés.

Le terme de béguinage peut désigner soit une communauté autonome de religieuses (les béguines), en particulier en Europe du Nord, soit un ensemble de bâtiments intégrés, généralement construits autour d’une cour arborée, hébergeant une telle communauté, et comprenant non seulement les installations domestiques et monastiques, mais aussi des ateliers utilisés par la communauté, et une infirmerie.

En Flandre — c’est-à-dire la moitié nord de la Belgique actuelle —, des communautés de béguines se sont développées très largement en disposant d’effectifs suffisants pour construire des cités à part (les béguinages), y vivre et se maintenir, avec des hauts et des bas, au fil des siècles, jusqu’à l’époque contemporaine. De vastes béguinages similaires à de véritables villes en miniature, se sont donc développés. Certains ont été conservés, plus ou moins intacts. Il en subsiste vingt-sept, sur les quelque quatre-vingts qui existaient autrefois, et il est peu de villes flamandes, grandes ou moyennes, qui n’aient leur begijnhof.

Dans le reste de l’Europe, on dénombre quatre béguinages aux Pays-Bas (à Amsterdam, Bréda, Delft et Haarlem) et plusieurs béguinages dans le sud de la Belgique, appelée région wallonne (à Liège, Tournai, Mons, Namur, Enghien, Nivelles).

Le béguinisme s’est totalement éteint en Belgique, et il n’y a plus aujourd’hui de communautés de béguines. Les béguinages ont reçu d’autres affectations. Cela étant, depuis 1998, treize béguinages flamands sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Aux Pays-Bas, comme il a été décrit ci-dessus, les béguines finirent par s’organiser dans de petites cités à part, appelées béguinages. L’autorité ecclésiastique en effet poussait à un regroupement plus strict de ces femmes pieuses. Certaines vivaient encore éparpillées dans la ville, séparées du groupe auquel elles voulaient appartenir ; pour y remédier, et pour les préserver en même temps des influences du siècle et des tendances hérétiques, les Dominicains plus particulièrement s’efforcèrent de les regrouper, tout d’abord dans des maisons de béguines, au départ desquelles elles pouvaient se rendre en commun aux offices et à leurs réunions, ensuite, pour éviter ces déplacements, et pour faire face au nombre croissant de candidates, dans des béguinages, c’est-à-dire dans des cités à part, formant paroisses autonomes, avec église séparée, cimetière propre, curé, et statuts diocésains propres5. Cette cité-béguinage, ultime étape dans le développement du béguinisme aux Pays-Bas et en Flandre, naquit au milieu du XIIIe siècle. Souvent, il s’agit de cités encloses d’un mur d’enceinte, dotées d’une église et d’une infirmerie, et auxquelles donnait accès un portail d’entrée étroitement surveillé. Elles furent généralement construites hors les murs des villes médiévales ; à quelques occasions, elle servirent de point d’appui à des armées étrangères venues assaillir ces villes (la crainte que cela ne se produisît incita les défenseurs de la ville d’Anvers en 1542, alors que les troupes de Martin van Rossum la menaçaient, à incendier préventivement le béguinage, situé alors en dehors des remparts. Celui-ci fut promptement reconstitué intra muros).

À la tête d’un béguinage se trouvait la grande-maîtresse (magistra, en néerlandais : grootmeesteresse) ou Grande-Dame (Grootjuffrouw). Élue par les maîtresses, elle était chargée de faire respecter les statuts et de contrôler l’organisation générale. Certains grands béguinages pouvaient en avoir plusieursnote 3.

La grande-maîtresse se faisait assister par un ou plusieurs mambours (tuteurs, en néerlandais : momboor), agents masculins chargés d’effectuer les transactions financières en vue de l’acquisition de propriétés et, le cas échéant, de mener des affaires en justice au nom du béguinage. Il était en effet interdit aux béguines de poursuivre de telles activités.

Au second rang on trouve la maîtresse de l’hôpital. Celle-ci avait notamment dans ses attributions la gestion de la caissenote 4, appelée aussi table du Saint-Esprit, laquelle était alimentée, outre par les modestes contributions hebdomadaires des béguines, par des donations et des legs, et qui permettait de financer le séjour à l’infirmerie des béguines nécessiteuses qui en raison de maladie ou de vieillesse n’étaient plus en mesure de subvenir à leurs besoins6.

Vient ensuite la maîtresse de l’église, la sacristaine, à qui étaient confiés l’entretien et les dépenses de l’église. Elle dirigeait aussi la chorale, destinée à donner du lustre aux offices, et les exercices spirituels.

La concierge (ou tourière) du béguinage faisait partie également de ce second rang. Main-courantière du béguinage, son rôle était de surveiller les mouvements d’entrée et de sortie des béguines, des livreurs de matériaux et de vivres, des visiteurs et des travailleurs externes.

Au troisième rang se situent les maîtresses des convents : elles étaient responsables du bon ordre général, du respect des règles et du bon fonctionnement dans le convent qui leur a été attribué, et, s’il s’agissait d’un convent de novices, de la formation de celles-ci. Ces règles, qui peuvent avoir été prescrites par le fondateur, comprennent des devoirs de prière ou des exercices religieux en mémoire du fondateur et de sa famille.

Chez les béguines elles-mêmes existaient également des degrés de situation. Il y avait tout d’abord les béguines propriétaires de leur propre maison, soit qu’elles l’avaient fait construire par leurs moyens propres, soit qu’elles avaient acquis une maison existante à l’occasion d’une vente publique dans le béguinage. Le titre de propriété valait pour la vie ; après le décès de la béguine, la maison revenait à la communauté, qui la remettait en vente. Venaient ensuite les béguines locataires d’une chambre dans un des grands immeubles, dont elles devaient assumer elles-mêmes l’entretien. Enfin, il y avait les béguines dépourvues de revenus propres et les novices, qui étaient hébergées dans les maisons communes : les convents, et devaient travailler pour subvenir à leurs besoins; néanmoins, elles recevaient des aides pour l’achat de nourriture et de bois de chauffagenote 5.

Cette hiérarchie déterminait l’ordre de préséance dans l’église. Lors des offices, les grandes-maîtresses prenaient place tout à l’avant, suivies des maîtresses, des béguines propriétaires, puis des béguines sans fortune et des novices.