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Temple troglodyte de Rangiri Dambulla

Découvrir le temple troglodyte de Rangiri Dambulla

Haut lieu de pèlerinage de Sri Lanka depuis vingt-deux siècles, ce monastère rupestre, qui contient cinq sanctuaires, est l’ensemble le plus grand et le mieux conservé de temples-cavernes à Sri Lanka. Il est particulièrement remarquable par ses peintures murales bouddhiques couvrant une superficie de 2 100 m2 et par ses 157 statues.

Valeur universelle exceptionnelle du temple troglodyte de Rangiri Dambulla

Brève synthèse

Situé au centre du Sri Lanka, le Temple troglodyte de Rangiri Dambulla est un site bouddhique en activité, composé pour l’essentiel d’un ensemble de cinq sanctuaires rupestres. Habitées par des moines bouddhistes de la forêt depuis le IIIe siècle avant notre ère, ces grottes naturelles ont sans cesse été transformées au cours des siècles, pour devenir l’un des ensembles bouddhiques les plus grands et les plus remarquables de l’Asie du sud et du sud-est. Il présente des approches audacieuses en matière d’aménagement et de décoration intérieure. Fidèles à une longue tradition de pratiques rituelles bouddhiques vivantes et sous la constante protection du roi, les temples-grottes ont connu plusieurs programmes de réhabilitation et de rénovation avant d’adopter au XVIIIe siècle leur aspect intérieur actuel. Les vastes espaces intérieurs des temples-grottes ne sont pas compartimentés, mais se distinguent dans l’espace grâce à une disposition subtilement étudiée de sculptures polychromes d’un savoir-faire exceptionnel, décorées avec d’admirables compositions de peintures murales. Cette hiérarchie spatiale et l’absence de cloisons intérieures emmènent automatiquement les fidèles d’une fonction rituelle à l’autre à travers les espaces. Le site est remarquable dans le monde bouddhique pour son association avec la tradition continue de pratiques rituelles bouddhiques vivantes et de pèlerinage depuis plus de deux millénaires.

Critère (i) : L’ensemble monastique de Dambulla est un exemple exceptionnel d’art et d’expression religieux du Sri Lanka et de toute l’Asie du sud et du sud-est. Le temple-grotte, les peintures et les statues sont uniques tant pour ce qui est de leur nombre et de leur taille que pour leur état de conservation exceptionnel. Le monastère renferme des chefs-d’œuvre du XVIIIe siècle de l’école sri-lankaise Kandy.

Critère (vi) : Dambulla est un sanctuaire important pour la religion bouddhiste au Sri Lanka, remarquable par sa longue association avec une tradition plus que bimillénaire de pratiques rituelles bouddhiques et de pèlerinage.

Intégrité

Le bien comprend tous les éléments constitutifs des différents aspects de la créativité, nécessaires pour exprimer la valeur universelle exceptionnelle du bien, comme la statuaire polychrome moulée avec du stuc ou de l’argile ou sculptée dans la roche vivante dans les temples-grottes, les peintures murales et l’aménagement intérieur. Le tissu physique de ces éléments est en bon état et a été préservé pour exprimer cette valeur. Le bien ne souffre actuellement d’aucun effet indésirable lié à des projets d’aménagement ou à d’autres pressions.

Authenticité

La forme et la conception d’ensemble ainsi que les matériaux et la substance des peintures murales couvrant les surfaces intérieures des temples-grottes et des statues taillées et moulées dans les grottes ont été conservés. Il n’y a eu aucune intervention pour modifier la forme et la conception d’ensemble des espaces intérieurs des grottes, ni l’emplacement et la disposition des sculptures et des peintures par rapport aux aménagements intérieurs. Les espaces intérieurs sont encore utilisés par les pèlerins pour des pratiques rituelles bouddhiques, conservant ainsi leur usage et leur fonction d’origine ainsi que l’esprit et le ressenti qui leur est propre.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

Le bien, qui est la propriété du chapitre Asgiriya des moines bouddhistes, a été déclaré Monument protégé et placé sous la protection juridique du Département d’archéologie du gouvernement du Sri Lanka qui administre au niveau national l’Ordonnance sur les antiquités de 1940 (rév. 1998). Aucune intervention sur le bien n’est permise sans l’autorisation du Département d’archéologie. La conservation et le suivi de l’état des peintures et des objets polychromes relèvent de la responsabilité du Département d’archéologie. Les moines accomplissent les rituels quotidiens et sont responsables de la maintenance, de la protection et de l’entretien du bien. Une partie des recettes collectées auprès des visiteurs étrangers est utilisée par les moines à cette fin. La zone qui s’étend jusqu’au bord de l’affleurement rocheux a été désignée zone tampon, placée sous la responsabilité du Département d’archéologie. Le caractère religieux du bien est en outre sauvegardé depuis que le Département de l’aménagement du territoire a déclaré zone sacrée l’ensemble de la zone entourant l’affleurement rocheux.

Les principaux défis à relever sont la conservation des peintures, le traitement de la capacité d’accueil en vue d’augmenter le nombre des pèlerinages, en particulier lors des fêtes religieuses, et l’amélioration des performances en matière de conservation et d’entretien régulier. Pour maintenir la valeur universelle exceptionnelle du bien à long terme, il sera nécessaire de prendre des mesures pour améliorer la gestion, la conservation et la mise en valeur du bien. Il s’agira notamment de préparer un cadre de gestion du patrimoine, un plan directeur d’aménagement et un plan de gestion des visiteurs, et d’établir un régime de surveillance régulière.

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L’habitat troglodytique est, depuis la Préhistoire, une architecture, rudimentaire ou somptueuse, présente dans différentes traditions consistant à aménager des habitats souterrains ou creusés dans le rocher à flanc de montagne. Les maisons troglodytiques sont généralement creusées dans des roches sédimentaires (calcaires, molasse, grès, tuf, lœss, etc.) ou volcaniques (cendres, tuf tendres, etc.) sous tous les climats. De l’abri sous roche1,2 au château ou à la cité souterraine, cette architecture a une fonction d’habitat temporaire ou permanent mais revêt traditionnellement d’autres usages domestiques ou agricoles et également, assez souvent, une fonction religieuse dans de multiples sociétés.

Le peuple antique des Troglodytes vivait en Égypte, à proximité de la mer Rouge, installé dans les anfractuosités des rochers. Les auteurs antiques sont nombreux à y faire allusion comme Hérodote, Claude Ptolémée, Agatharchide, Strabon, Diodore de Sicile, Pline, Tacite, Flavius Josèphe, etc.

Ainsi dans son Histoire naturelle, Pline l’Ancien donne une description des Troglodytes tout en les associant à divers peuples plus ou moins mythologiques, les Garamantes, les Augyles, etc. :

« Les Troglodytes creusent des cavernes, ce sont leurs maisons ; la chair des serpents leur sert de nourriture ; ils ont un grincement, point de voix, et ils sont privés du commerce de la parole. Les Garamantes ne contractent point de mariages, et les femmes sont communes. Les Augyles n’honorent que les dieux infernaux. Les Gamphasantes, nus, ignorants des combats, ne se mêlent jamais aux étrangers. On rapporte que les Blemmyes sont sans tête, et qu’ils ont la bouche et les yeux fixés à la poitrine

La modification de regard vers le patrimoine, et en particulier le patrimoine troglodytique, traduit plus que l’attrait envers les sites touristiques, au-delà de l’intérêt pittoresque et distractif de vestiges du passé.

En France comme dans de nombreuses autres régions du monde, le tourisme troglodytique est bien développé sous forme d’animations muséologiques, de gîtes, d’hôtels, etc. Dans l’optique de réactualiser cet héritage, le tourisme du patrimoine ne semble pas concerner une grande part des populations locales (selon Edouard Segalen38, seulement 8 %). Les grottes italiennes de Matera, lieux d’isolement érémitique au Moyen Âge deviennent au XXe siècle, des lieux de grande difficulté sociale puis se transformant au siècle suivant, les sassi deviennent lieux de villégiature, etc.

À l’instar de l’outback australien où l’extraction de l’opale devient une attraction touristique en même temps que la ville souterraine de Coober Pedy où les prospecteurs souffrant de la chaleur s’y réfugiaient39 d’autres sites voient leur fonction initiale se transformer en destination touristique. Les classements sur les listes patrimoniales contribuent à cette mutation économique. On mise de plus en plus sur ce type d’attractions ludiques et pédagogiques.

En Tunisie, le tourisme traditionnellement balnéaire se tourne vers les importantes potentialités touristiques de la chaîne des matmatas dans le Sud-Est (habitat troglodytique horizontal et vertical, ksour et villages berbères, associés à la variété des paysages). Comme ailleurs, une multitude d’acteurs et de projets s’inscrivent dans un développement touristique souhaité comme durable (soutenable) et qui assure le soulèvement des économies locales, la préservation des écosystèmes et la sauvegarde de l’identité culturelle et des intérêts des populations locales (permettant notamment la sauvegarde d’habitats à l’abandon). Les aménagements recouvrent des questions de valorisation paysagère et naturaliste en passant par les aménagements hydrauliques et le développement de produits du terroir

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