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Missions jésuites de la Santísima Trinidad de Paraná et Jesús de Tavarangue

Découvrir les missions jésuites de la Santísima Trinidad de Paraná et Jesús de Tavarangue

Outre leur intérêt artistique, ces missions représentent les initiatives sociales et économiques qui ont accompagné la christianisation du bassin du Río de la Plata par la Compagnie de Jésus aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Les Missions jésuites de La Santísima Trinidad de Paraná et de Jesús de Tavarangue font partie d’un ensemble de 30 missions du bassin du Río de la Plata établies par la Compagnie de Jésus (les Jésuites) au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Sept de ces missions étaient situées au Paraguay et les autres sur l’actuel territoire de l’Argentine et du Brésil. Les ensembles des différentes missions étaient rattachés à des villages appelés « réductions », dotés d’une structure urbaine unique. Selon les périodes, les missions ont adopté différents styles, mais toutes ont associé des éléments autochtones à des attributs chrétiens et à un symbolisme témoignant d’influences baroques, romanes et grecques, dans le cadre d’un processus d’acculturation sans précédent.

Les Jésuites sont arrivés dans la province de Guayrá en 1588. Avec l’autorisation du roi Philippe II d’Espagne, les missionnaires avaient pour objectif de christianiser la population autochtone et de la protéger du système de travail colonial de l’encomienda, un quasi-esclavage. Les habitants étaient donc réunis et engagés à se sédentariser et à se convertir au christianisme mais, contrairement à d’autres missions du Nouveau Monde, ils n’étaient pas forcés de s’européaniser. Beaucoup de traditions autochtones étaient maintenues et encouragées, comme la culture de la yerba maté (Ilex paraguariensis ou te jesuita en espagnol), qui est toujours un produit régional représentatif.

Les missions sont situées à environ 10 km l’une de l’autre, chacune étant entourée de sa propre zone tampon. Bien qu’aujourd’hui les missions soient essentiellement constituées de ruines et de vestiges archéologiques, leur plan initial toujours apparent montre des similarités : l’église constituait l’unité de base, le noyau urbain et le centre de la vie spirituelle. Près de l’église se trouvait la résidence des pères jésuites et tout à côté, la maison des caciques. Le reste de la mission comprenait une cour, des cloîtres servant d’ateliers, un jardin, le tupa mbaé, le cimetière et la prison. Juste à côté de l’église se trouvait une vaste place orientée vers les quatre points cardinaux et comportant des croix ou des statues et des sanctuaires aux quatre coins. Des rues de 16 à 18 m de large partaient des places. Les maisons des résidents autochtones étaient des bâtiments rectangulaires à arcades, de 60 m de long.

La mission de la Santísima Trinidad del Paraná est l’ensemble urbain le mieux préservé. Bien qu’établie en 1706, après la plupart des autres réductions, c’était aussi la plus ambitieuse des missions, avec son ensemble de bâtiments couvrant une superficie d’environ 8 ha. La grande église de pierre comportait un beau dôme et une décoration très soignée. Elle a été construite vers 1745 d’après le projet de l’architecte milanais Juan Bautista Prímoli. En plus de l’église principale, il reste des vestiges de la petite église, du collège ou de l’école, du cloître, des cimetières, des potagers, du beffroi, des maisons des autochtones et des ateliers.

La structure urbaine de Jesús de Tavarangue subsiste sous forme de ruine archéologique. Cette réduction a été fondée à un autre endroit en 1685 et transférée quelques années plus tard à son emplacement actuel quand on construisit la mission. Elle était constituée de l’église (restée inachevée), de la Grand-Place, de l’école rattachée à l’église et dont il ne subsiste qu’une pièce, et des maisons pour les orphelins et les veuves appelées coty guazú (grandes maisons). La mission comprenait aussi un verger pour les pères.

La mission de Jesús de Tavarangue en tant qu’expression architecturale se caractérise par l’association de différents styles, notamment le style mudéjar (christiano-arabe) avec ses arches trilobées. Il n’existe pas d’autres exemples de ce style, du temps des jésuites, dans la région qui constituait autrefois la Province du Paraguay ou Paracuaria.

Critère (iv) : La Santísima Trinidad de Paraná et Jesús de Tavarangue sont des exemples exceptionnels des missions jésuites construites aux XVIIe et XVIIIe siècles dans toute cette région. Les ruines archéologiques de ces ensembles urbains représentent une fusion des cultures par laquelle le processus de christianisation permettait à la population autochtone de conserver des éléments de leur culture traditionnelle.

Intégrité

Le bien est constitué des ruines de deux réductions qui contiennent les éléments de l’ensemble d’origine : églises, bâtiments de logements, écoles, boutiques et espaces ouverts tels que jardins et vergers. Les sites subsistent sous forme de ruines archéologiques, dans l’état où ils ont été abandonnés lors de l’expulsion des jésuites au XVIIIe siècle. La délimitation de l’aire proposée comprend tous les éléments nécessaires à l’expression de sa valeur universelle exceptionnelle.

Les biens semblent surtout menacés par des phénomènes atmosphériques violents, notamment des tempêtes, voire parfois des tornades. Chacun des deux éléments du bien est entouré d’agglomérations modernes et donc menacé de pression du développement urbain s’il n’est pas bien géré. Cela est particulièrement sensible avec le développement rapide des abords de La Santísima Trinidad où il a été suggéré de planter un rideau d’arbres. En 2003, une équipe interdisciplinaire d’experts a visité les Missions jésuites du Paraguay, du Brésil et d’Argentine et le rapport présenté au Comité du patrimoine mondial a recensé plusieurs problèmes auxquels étaient confrontés ces ensembles de biens : risque de pression touristique, absence de capacités en techniques de conservation, absence de ressources financières et humaines, et absence de gestion, y compris de réglementation.

Authenticité

Les deux éléments de cette inscription ont conservé leur authenticité de forme et de conception car le plan d’ensemble des missions d’origine est toujours visible, ainsi que les bâtiments. Les ensembles abandonnés et les églises ne sont plus utilisés selon leurs objectifs d’origine.

L’authenticité a été soigneusement prise en compte lors des travaux réalisés sur les sites, spécialement à La Santísima Trinidad, où la restauration et la consolidation se sont fondées sur un examen détaillé des vestiges visibles au-dessus de la surface et d’une étude archéologique des vestiges enfouis. À Jesús de Tavarangue, des travaux de stabilisation ont été effectués au collège et le site archéologique a été défriché.

Eléments requis en matière de gestion et de protection

Les réductions de La Santísima Trinidad et de Jesús de Tavarangue sont la propriété de la Direction générale du Tourisme, et du Ministère des Travaux publics et des Communications qui est responsable de la gestion de ces biens. La garde, la protection et la responsabilité de la conservation ont été définies par une lettre d’intention d’août 1993, via le Sous-Secrétariat à la Culture de la Direction générale du Patrimoine culturel, le Vice-ministère de la Culture et la Direction générale du Tourisme (actuellement Secrétariat national du Tourisme).

Bien que le bien inscrit ne bénéficie pas d’une protection juridique spéciale, différents plans ont cependant été approuvés – notamment le plan d’étude archéologique, le plan de préservation de l’ensemble de la mission et un plan de gestion annuel. Un plan de gestion pour La Santísima Trinidad de Paraná a été achevé en octobre 2011 et le plan de gestion de Jesús de Tavarangue est en cours d’établissement.

Plusieurs projets de restauration entrepris à La Santísima Trinidad depuis 1980 ont été centrés sur les réparations des bâtiments endommagés. En outre, suite au rapport de 2003 au Comité du patrimoine mondial, des ateliers de conservation se sont tenus en 2003-2005 et ont permis la publication du Manual Básico de Conservación para las Misiones Jesuitícas Guaraníes (Manuel de base de conservation pour les missions jésuites guarani), utilisé par les missions de la région. Enfin, les réunions du Mercosur Cultural favorisent un espace de dialogue entre les pays concernés.

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