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Paysage culturel de Fertö / Neusiedlersee

Découvrir le paysage culturel de Fertö / Neusiedlersee

Carrefour culturel depuis huit millénaires comme en atteste la variété de son paysage, le paysage culturel de Fertö/Neusiedlersee est né d’un processus évolutif et symbiotique d’interaction entre l’homme et son environnement physique. La remarquable architecture rurale des villages du pourtour du lac et plusieurs palais datant des XVIIIe et XIXe siècles ajoutent au grand intérêt culturel de ce site.

Valeur universelle exceptionnelle du paysage culturel de Fertö / Neusiedlersee

Brève synthèse

Le paysage culturel de Fertő/Neusiedlersee intègre le lac de steppe le plus occidental de la zone eurasiatique. C’est une zone de valeurs naturelles exceptionnelles et de paysages d’une grande diversité, nés et maintenus en l’état par la réunion en un même site de divers types de paysages. Il est situé au carrefour de différentes zones de faune et de flore et de zones humides, il se caractérise par la présence de montagnes subalpines, de collines subméditerranéennes, de lacs alcalins qui s’assèchent temporairement, de sols salins, de roseaux et de plaines côtières. Cette zone, une réserve de biosphère et une banque de ressources génétiques de grande valeur, rassemble une riche diversité de flore et de faune et a été harmonieusement façonnée au cours de huit millénaires par différents groupes humains et des populations diverses d’un point de vue ethnique. Les caractéristiques actuelles du paysage sont le résultat de formes d’occupation millénaire des terres fondées sur l’élevage et la viticulture ayant atteint des proportions inconnues dans les autres régions lacustres d’Europe. Cette interaction se manifeste également dans la continuité, sur plusieurs siècles, de ses traditions urbaines et architecturales et dans les diverses utilisations traditionnelles des terres et du lac. Le Lac Fertő/Neusiedlersee est entouré d’une première ceinture de seize villages et d’une ceinture extérieure de vingt autres villages.

Deux grandes périodes peuvent être distinguées : d’environ 6000 av. JC jusqu’à la création de l’état hongrois au 11e siècle de notre ère puis du 11e siècle jusqu’à l’époque contemporaine. Dès le 7e siècle av. JC, une occupation dense des rives du lac commence, avec des peuples de la période de Hallstatt (Premier Âge du fer) et se poursuit jusqu’aux périodes préhistoriques tardives et à l’époque romaine. Dans les champs de presque tous les villages autour du lac, on trouve des vestiges de villas romaines. Les bases du réseau actuel de villes et de villages sont apparues aux 12e et 13e siècles, leurs marchés ayant prospéré à partir de 1277. L’invasion tatare du milieu du 13e siècle épargna la région qui bénéficia d’un développement ininterrompu du Moyen Âge jusqu’à la conquête turque à la fin du 16e siècle. Au fil du temps, l’activité économique de base resta l’exportation d’animaux et de vin. Le centre historique de la ville franche médiévale de Rust, en particulier, prospéra grâce au commerce du vin. Rust est un exemple exceptionnel d’établissement humain représentatif de la région. La ville offre l’aspect architectural particulier d’une société et d’une culture dans lesquels les modes de vie des citadins et des ruraux forment un tout. L’édification de nouvelles fortifications au début du 16e siècle marqua le début d’une phase de construction, d’abord avec les fortifications, puis, du 17e et 19e siècle, avec l’édification et l’amélioration de maisons à usage d’habitation. La remarquable architecture rurale des villages autour du lac et plusieurs palais des 17e et 18e siècles ajoutent au très grand intérêt culturel de la région. Le palais de la ville de Nagycenk, le palais Fertőd, le palais Széchenyi et le palais Fertőd Esterházy constituent également d’éminents témoignages culturels.

En dépit du caractère transfrontalier du bien, situé sur les territoires de deux états, l’Autriche et la Hongrie, il constitue depuis des siècles une ensemble socioéconomique et culturel unique qui est exceptionnel à plusieurs titres, par son riche patrimoine archéologique qui résulte de plusieurs civilisations consécutives, par son nombre important de monuments historiques, reflets de sa diversité ethnique, mais également par les éléments de son riche patrimoine ethnographique, géologique et minier.

Critère (v) : Depuis huit millénaires, le Fertő/Neusiedlersee est le carrefour de différentes cultures comme en atteste son paysage varié, résultat d’un processus évolutif et symbiotique d’interaction entre l’homme et son environnement physique.

Intégrité

Le bien inscrit, situé sur la frontière entre l’Autriche et la Hongrie, ne se caractérise pas uniquement par sa diversité, il a également conservé, tant dans ses aspects naturels que culturels, son paysage, ses spécificités socioéconomiques et culturelles ainsi que des formes propres d’utilisation des terres, la pratique multiséculaire de la viticulture et de l’élevage ainsi que les caractéristiques spécifiques de l’architecture des villes et villages et de ses structures d’occupation des terres. L’intégrité du bien est fondée sur des caractéristiques géologiques, hydrologiques, géomorphologiques, climatiques, écologiques, ainsi que des caractéristiques historiques régionales et culturelles.

Le paysage de Fertő/Neusiedlersee bénéficie de conditions naturelles et climatiques qui l’ont rendu propice à la production agricole et à l’élevage depuis des milliers d’années. L’eau, les roselières, les prés salés, les lacs alcalins et leurs vestiges, les collines bordant la rive ouest du lac, plantées de forêts et couronnées de vignobles, présentent non seulement des caractéristiques naturelles et géographiques mais rappellent également des siècles d’utilisation traditionnelle, faisant de la région un exemple unique de communauté humaine vivant en harmonie avec la nature. Parmi tous les lacs salés du monde, la zone du Fertő/Neusiedlersee est unique du point de vue de la relation organique, plurielle, ancienne et cependant toujours d’actualité entre l’homme et son milieu, typique du lac et de sa société. L’aspect traditionnel, en partie rural, de l’architecture des villages autour du lac, la structure de ces villages, l’unité des bâtiments disposés de façon homogène autour des places et le long des rues, et plusieurs palais des 18e et 19e siècles qui s’inscrivent dans leur cadre paysager, sont les éléments caractéristiques, façonnés par l’homme, du paysage culturel. La culture de la vigne, la production vinicole et l’exploitation des roseaux, des activités séculaires, contribuent à pérenniser l’occupation des terres et l’utilisation de matériaux de construction traditionnels.

Une grande partie de la valeur de la région réside dans les qualités inchangées de son mode de vie, dans la sauvegarde de l’architecture locale et dans un paysage modelé sur une exploitation traditionnelle et durable d’une variété limitée de ressources. Bien que le tourisme constitue à la fois un changement et en cela un catalyseur, l’aménagement qui l’accompagne et l’insertion dans le paysage de constructions modernes intrusives devront être contrôlés. La conservation de ces particularités et les conditions d’intégrité impliqueront l’élaboration et la mise en application d’orientations et de réglementations de zonage destinées à garantir l’impossibilité de tout nouvel aménagement dans un espace non bâti et le respect de la forme et de l’envergure des bâtiments traditionnels.

Authenticité

Le paysage dans son ensemble ainsi que l’échelle, la structure interne et l’architecture rurale des villes et des villages témoignent d’un usage agricole des terres et d’un mode de vie paysan qui n’ont connu aucune interruption depuis l’époque médiévale. L’agencement et le mode d’occupation de plusieurs villages actuels remontent à l’époque romaine ou à des périodes encore plus anciennes. Les bâtiments, les murs d’enceinte et les vues ont été préservés dans de nombreux lieux, il en va de même pour la proportion de zones bâties. L’authenticité est également soutenue par l’utilisation pérenne de matériaux de construction d’origine locale (calcaire, roseaux et bois). Divers modes de propriété se reflètent dans la remarquable architecture rurale des très petits villages et dans les palais Fertőd Esterhazy et Nagycenk Széchenyi qui sont d’exceptionnels exemples d’architecture de l’aristocratie foncière des 18e et 19e siècles. Les carrières de calcaire de Leitha, près du lac, exploitées depuis l’époque romaine jusqu’au milieu du 20e siècle, ont fourni la pierre de construction des villes de Sopron et de Vienne ainsi que de localités voisines.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

Le bien est une zone de protection naturelle et de paysage depuis 1977, et cette zone de protection a été classée « réserve au titre de la convention de Ramsar » en 1983. Le Fertő/Neusiedlersee est également une réserve de biosphère MAB (Man and Biosphere). En Autriche, le Parc national Neusiedler See/Seewinkel (créé en 1993) fait partie de la zone Ramsar. L’extrémité sud (en Hongrie) du bien est une zone de protection du paysage depuis 1977 et est devenue le Parc national Fertő/Hanság en 1991 ; en outre, certaines zones du bien font également partie du réseau Natura 2000. Le bien culturel, notamment les monuments exceptionnels, groupes de bâtiments et objets, est protégé en Autriche par la Loi autrichienne sur la protection des monuments de 1923 (modifiée par la suite à plusieurs reprises) et en Hongrie par la Loi de 2001/LXIV sur la protection du patrimoine culturel. La totalité des centres historiques de la ville franche de Rust (Autriche) et de Fertőrákos (Hongrie) est classée « zone historique de protection ». En Autriche, la nature est protégée au niveau provincial.

La propriété foncière est complexe : dans la partie autrichienne du bien, moins de 1% appartient à l’état, la plus grande partie est détenue par des propriétaires privés et des communautés. Dans la partie hongroise, dans le Parc national Fertő/Hanság, l’état est propriétaire de 86% des terres, les autres propriétaires sont les gouvernements locaux, l’Église et des particuliers.

Un plan de zonage détaillé de la partie autrichienne du bien a déjà été approuvé. Un plan de gestion conjoint pour tout le bien a été élaboré et sa mise en œuvre est soutenue par le Forum conjoint de gestion. Le plan a un statut consultatif, il a un rôle d’orientation et d’influence mais sa mise en œuvre n’est pas obligatoire. Les fonctions de contrôle et de suivi sont également exercées au moyen de la participation démocratique et de processus de prise de décision par la population. Afin de conserver les bien culturels de chaque coté de la frontière, les responsabilités sont partagées aux niveaux fédéral, provincial et local. Dans la partie hongroise, l’examen du plan de gestion, fondé sur la Loi sur le patrimoine mondial, établira des réglementations détaillées qui pourront prévoir des dispositions en matière de zonage. Le Jury régional de planification architecturale pour le patrimoine mondial apporte son aide à la réalisation d’aménagements de grande qualité adaptés aux valeurs du bien. L’Association du conseil hongrois du patrimoine mondial Fertőtáj est l’entité en charge de la gestion de la partie hongroise du bien du patrimoine mondial. En Autriche, les effets conjugués de la Loi sur la protection des monuments et de la réglementation sur la réhabilitation des villages dans un contexte touristique encouragent le choix d’un tourisme durable. L’un des défis à relever pour la gestion du bien consiste à développer de façon équilibrée et durable le bien transfrontalier en harmonisant les plans de gestion. Les tâches à mener à court terme sont, entre autres, de protéger les principales vues du bien, en tenant compte de la visibilité à longue distance en l’absence de reliefs du paysage, et de faire face aux pressions exercées par l’aménagement (bâtiments de grande hauteur, éoliennes, etc.) dans le cadre général du bien. Les outils nécessaires afin de mener à bien ces tâches sont des règlementations en matière de planification et l’intervention des Jurys de planification du patrimoine mondial. Parmi les tâches à mener à moyen terme, il convient de conserver les formes traditionnelles d’utilisation des terres et de créer des activités adaptées aux exigences de l’époque actuelle : on pourra ainsi sauvegarder la structure, la spécificité architecturale et l’étendue des villes et villages tout en augmentant la capacité de l’économie locale à retenir les populations sur place. L’un des moyens d’atteindre cet objectif est le tourisme durable qui doit être envisagé comme un moyen de sauvegarde des valeurs du patrimoine. Un autre défi à relever consiste à atténuer l’impact du changement climatique sur l’environnement, tant bâti que naturel (p. ex. l’amplitude extrême des variations du niveau des eaux du lac Fertő/Neusiedlersee).

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Le lac de Neusiedl ou lac Fertő (allemand : Neusiedler See ; hongrois : Fertő tó [ˈfɛɾtøː toː]) est le deuxième plus grand lac de steppe d’Europe centrale (après le Balaton) et est situé à la frontière entre l’Autriche et la Hongrie.

Ce lac de soude, endoréique a une superficie de 315 km2, dont 240 km2 sont autrichiens et 75 km2 sont hongrois. Le bassin versant du lac a une aire d’environ 1 120 km2. Du nord au sud, le lac mesure 36 kilomètres de long pour une largeur de 6 à 12 kilomètres d’est en ouest. Le lac se situe à une altitude moyenne de 115,45 m au-dessus de la mer Adriatique et sa profondeur n’excède pas 1,80 mètre. Du fait de sa faible profondeur, les précipitations et l’aridité peuvent provoquer des variations significatives de son niveau. Ainsi il est arrivé par le passé que le lac ait disparu complètement plusieurs fois, le plus récemment au début du XXe siècle. En 2003, le niveau de l’eau a fortement diminué (moins 30 centimètres en un an) ce qui posa problème pour la navigation et l’exploitation commerciale, car les bateaux s’échouent de plus en plus souvent.

La majeure partie du lac, vestige de l’ancien lac Pannonien, est entourée de roselières qui sont autant d’abris à biodiversité. Plus de 250 espèces d’oiseaux aquatiques y ont élu domicile : hérons, poules d’eau, canards et oies sauvages, mouettes, sarcelles, cigognes, outardes, aigrettes, etc. Les caractères de son eau sont déterminés par la forte teneur en sel et par la boue anoxique formant les sédiments. Durant les mois d’été, les incendies sur son pourtour ne sont pas rares, car le roseau sec est facilement inflammable, et les feux se répandent rapidement en raison du vent.

La région du lac de Neusiedl attire chaque année de nombreux touristes. Le lac est surnommé la « mer des Viennois » car il offre des bonnes conditions pour la pratique de la voile et de la planche à voile. En hiver, le gel transforme le plan d’eau permettant ainsi la pratique de patinage à voile ou de voile sur glace. En 1996 et 2010, il accueille les Championnats du monde de char à glace. Des pêcheurs professionnels y exercent également.

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