Nos derniers articles

Paysage minier de Roșia Montană

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Le paysage minier de Roșia Montană contient le complexe d’exploitation de mine d’or souterraine romaine le plus important, le plus vaste et le plus diversifié sur le plan technique actuellement connu dans le monde, datant de l’occupation romaine de la Dacie (106-271 EC). Roșia Montană est situé au sein d’un amphithéâtre naturel composé de massifs et de vallées dans les monts Apuseni au sein de la chaîne des monts Métallifères, appartenant à la région historique de la Transylvanie dans la partie centrale de la Roumanie.

Les mines d’or romaines sont réparties dans quatre massifs (Cârnic, Lety, Orlea et Cetate) qui dominent visuellement le paysage de Roșia Montană, lui-même entouré sur trois côtés de crêtes et de pics. Prolifique et omniprésente dans le paysage environnant avec ses aires de traitement du minerai, ses quartiers d’habitation, ses bâtiments administratifs, ses lieux sacrés et ses nécropoles, dont certaines comprennent des édifices funéraires à l’architecture complexe, l’archéologie romaine de surface est liée à plus de 7 km de galeries souterraines découvertes à ce jour.

Critère (ii) : Le paysage minier de Roșia Montană contient l’exemple d’exploitation minière aurifère souterraine romaine le plus important au monde et démontre un échange d’influences au travers de techniques innovantes développées par des mineurs qualifiés ayant migré d’Illyrie et de Dalmatie pour exploiter l’or grâce à des techniques adaptées à la nature des gisements. Les nombreuses chambres qui abritaient des roues à eau destinées à drainer les galeries représentent une technique importée vraisemblablement d’Espagne dans les Balkans, tandis que les galeries à section trapézoïdale parfaitement creusées, les puits hélicoïdaux, les galeries de communication inclinées avec des marches taillées dans la roche et les chantiers d’abattage verticaux superposés les uns au-dessus des autres avec leur plafond taillé en gradins forment un ensemble si spécifique à Roșia Montană qu’ils présentent vraisemblablement des aspects pionniers dans l’histoire technique minière.

Critère (iii) : Le paysage minier de Roșia Montană incarne les traditions culturelles de l’une des plus anciennes communautés minières documentées d’Europe, anciennement fondée par les Romains, comme en témoignent les travaux miniers souterrains existants, chronologiquement différenciés par des caractéristiques techniques distinctives ; et un paysage minier sociotechnique composé de zones de traitement du minerai, de zones d’habitation, de lieux sacrés et de nécropoles. L’interprétation de son histoire est enrichie par les tablettes d’écriture romaines en bois ciré découvertes dans les mines au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Associées aux nombreux monuments épigraphiques en pierre, elles donnent une image authentique de la vie quotidienne et de la pratique culturelle de cette ancienne communauté minière frontalière.

Conjugué aux résultats des recherches archéologiques récentes, intensives et systématiques, un témoignage exceptionnel des pratiques minières romaines a vu le jour.

Critère (iv) : Le paysage minier de Roșia Montană illustre le contrôle stratégique et le développement vigoureux de l’exploitation minière des métaux précieux par l’Empire romain, qui furent essentiels pour sa longévité et sa puissance militaire. À la suite du déclin des mines d’Hispania, Roșia Montană située dans les Aurariae Dacicae (Dacie romaine) fut l’unique nouvelle source d’or et d’argent importante dans l’Empire romain, probablement l’une des motivations essentielles de la conquête de la Dacie par Trajan.

Intégrité

Roșia Montană contient tous les éléments nécessaires pour exprimer les valeurs du bien concernant la période d’exploitation romaine. Le bien est d’une taille suffisante pour assurer une représentation complète des caractéristiques et des processus qui traduisent son importance pour cette époque. En outre, le bien comprend une zone dans laquelle de futures recherches archéologiques permettront probablement de découvrir une grande superficie supplémentaire d’exploitation minière souterraine et de surface, des installations de traitement du minerai et des structures d’établissement de la période romaine. Néanmoins, le projet actuel d’exploitation minière signifie que l’intégrité du bien est très vulnérable.

Authenticité

Le bien contient des attributs d’une grande authenticité en termes de situation, de forme et de matériaux des caractéristiques historiques subsistantes, donnant une idée claire de comment, quand et par l’intermédiaire de qui l’exploitation minière a façonné le paysage. En termes de connaissance, les témoignages documentaires et épigraphiques, associés à une décennie de fouilles archéologiques systématiques et intensives, ont apporté une contribution majeure à la compréhension des techniques et de l’organisation minières romaines. Il existe un potentiel considérable pour des recherches à venir et de nouvelles découvertes liées à de nombreuses périodes de l’histoire minière de la région. Néanmoins, le projet actuel d’activité minière signifie que l’authenticité du bien est très vulnérable.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

Le paysage minier est légalement protégé conformément à la loi roumaine en tant que bien du patrimoine mondial.

La protection de Roșia Montană est soutenue par son classement en vertu de la loi sur la protection des monuments historiques (L. 422/2001), laquelle autorise l’élaboration de mesures d’urbanisme. Il n’existe pour l’heure aucune mesure de contrôle de la planification et il est urgent d’en développer. Des permis d’exploitation minière sont actuellement en vigueur au sein du bien et les contrôles sont insuffisants pour empêcher leur extension. Pour faire jouer ces contrôles, les permis doivent être approuvés. Il est clairement nécessaire d’élaborer un plan général d’urbanisme et un plan de zonage d’urbanisme pour limiter l’approbation de permis d’exploitation minière.

Le plan de gestion du bien est en train d’être finalisé par l’Institut national du patrimoine qui est aussi responsable du suivi du bien. Le plan de gestion devrait être étoffé d’un plan de conservation soutenu au niveau international et une stratégie touristique devrait être mise en œuvre.

© UNESCO – Le Centre du Patrimoine mondial. Tous droits réservés.

Afficher Masquer les points

Partagez votre avis