Cathédrale Notre-Dame de Tournai

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Édifiée dans la première moitié du XIIe siècle, la cathédrale de Tournai se distingue par une nef romane d’une ampleur exceptionnelle, par la grande richesse sculpturale de ses chapiteaux et par un transept chargé de cinq tours annonciatrices de l’art gothique. Reconstruit au XIIIe siècle, le chœur est de pur style gothique.

Valeur universelle exceptionnelle de Cathédrale Notre-Dame de Tournai

Brève synthèse

La cathédrale Notre-Dame de Tournai est implantée au cœur de la vieille ville, non loin de la rive gauche de l’Escaut. L’édifice actuel n’est pas un édifice homogène quant à sa chronologie et sa conception, mais le fruit de trois projets cohérents, aboutis et toujours lisibles : la nef et le transept romans ainsi que le chœur gothique. La construction des deux premiers a été pour l’essentiel menée d’un seul jet durant la première moitié du XIIe siècle ; les siècles suivants n’apportèrent aucune modification essentielle à l’édifice, se bornant à l’adapter aux usages du temps.

Il est difficile de rattacher la cathédrale à une seule influence ou à une seule école, mais elle présente dans son plan et ses élévations des dispositions qui ont certainement influencé le développement du premier art gothique. Elle se distingue tout particulièrement par une nef romane d’une ampleur exceptionnelle et d’une grande richesse de sculpture, et par un transept chargé de cinq tours qui annonce les prémices de l’art gothique. Le chœur, reconstruit au XIIIe siècle, est de pur style gothique.

La conception de la nef manifeste une grande originalité par plusieurs innovations importantes.  La transposition à l’extérieur de la coursière des fenêtres hautes, l’élévation à quatre niveaux, et le double portail occidental font de la nef un unicum dans l’histoire de l’architecture romane, tandis que la sobriété de la modénature semble être due au poids des traditions carolingiennes, particulièrement sensible dans les anciens Pays-Bas. Le maître d’œuvre a donc opéré une remarquable synthèse entre les aspects les plus novateurs de l’architecture de son temps, interprétés avec une certaine liberté, et les traditions locales.

La volumétrie du transept, hérissé de cinq tours, est assurément la caractéristique la plus emblématique de la cathédrale de Tournai. Les sources en sont à ce jour mal expliquées, entre l’influence dite “lombardo-rhénane” et les façades harmoniques de France et d’Angleterre. Sa postérité est par contre évidente ; le modèle fera florès durant toute la seconde moitié du XIIe siècle.

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Le chœur gothique marque l’introduction en Belgique, au milieu du XIIIe siècle, des formes nouvelles du gothique classique. Il est particulièrement représentatif de l’époque de sa construction. Il témoigne des énormes progrès technologiques enregistrés à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle. Il est également un exemple de la diffusion rapide de cette architecture à partir des centres créateurs de l’Ile-de-France à dater du milieu du XIIIe siècle. Il s’agit en effet d’un édifice “à la page”, utilisant les techniques les plus récentes et les modénatures à la mode, sans décalage chronologique.

Critère (ii) : La cathédrale Notre-Dame de Tournai témoigne d’un échange d’influences considérable entre l’architecture de l’Ile-de-France, rhénane et normande pendant la courte période qui, au début du XIIe siècle, précède l’éclosion de l’architecture gothique.

Critère (iv) : Par ses dimensions, la cathédrale Notre-Dame de Tournai est un exemple éminent de ces grands édifices de l’école du nord de la Seine qui préfigurent le volume des cathédrales gothiques. 

Intégrité

La cathédrale de Tournai a préservé au travers des siècles son expression architecturale et ses fonctions cultuelles et culturelles. Depuis sa construction, elle symbolise le pouvoir épiscopal. Son importance s’exprime tant par la qualité architecturale de l’édifice que par sa situation dans le tissu urbain, véritable point de repère au centre de la silhouette urbaine, et par les relations visuelles et symboliques qu’elle établit avec le beffroi situé à proximité.

Authenticité

La cathédrale Notre-Dame de Tournai est d’une grande authenticité. Les inévitables restaurations du XIXe siècle (communes à tous les grands édifices du Moyen-Age) ont su lui conserver son exceptionnelle volumétrie extérieure, et les transformations de la façade occidentale, mineures au regard de l’ampleur de l’édifice, font aujourd’hui partie de son histoire. Les dégâts occasionnés par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale se sont essentiellement limités à l’incendie de la toiture de la nef et d’une partie des bâtiments du chapitre. Les restaurations ont été réalisées dans le plus grand respect de l’édifice, tout comme les  travaux qui visent à assurer la pérennité de la cathédrale, laquelle présente un bâti vieillissant et fragilisé. 

Éléments requis en matière de protection et de gestion

La cathédrale de Tournai figure parmi les premiers biens classés en Belgique (05/02/1936), et elle est inscrite sur la liste du patrimoine exceptionnel de Wallonie (liste établie par le Gouvernement wallon et recensant les éléments les plus remarquables du patrimoine wallon). Elle est également située dans la zone protégée du centre ancien de Tournai.

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Depuis son inscription sur la Liste du patrimoine mondial, la cathédrale a fait l’objet d’un vaste plan de restauration s’étalant sur près de 20 ans et visant non seulement la restauration de l’édifice religieux mais également sa valorisation et celle de la zone tampon. Le projet associe tous les acteurs et est accompagné par un Comité scientifique.

Suite à la décision du Gouvernement wallon du 25 août 2011 de doter les sites wallons inscrits sur la Liste du patrimoine mondial d’un plan de gestion, un Comité de pilotage, un Comité scientifique et un Comité de gestion ont été établis.

© UNESCO http://whc.unesco.org/fr/list/1009 Le Centre du Patrimoine mondial. Tous droits réservés.

a Cathédrale Notre-Dame, est un édifice religieux catholique de grande ancienneté sis au cœur de la ville de Tournai, en Belgique, dont elle est l’église-cathédrale (diocèse de Tournai). Elle est le seul édifice religieux de Belgique qui ait été construit comme cathédrale. Chef-d’œuvre du gothique scaldien, ce monument est, par l’alliance harmonieuse des styles roman et gothique, par sa taille1 et son architecture caractéristique, un des témoins les plus impressionnants de l’art d’Occident.

Trois cathédrales se sont succédé sur le site de la cathédrale Notre-Dame de Tournai. C’est au Ve siècle qu’une première cathédrale fut édifiée sous l’égide de saint Eleuthère, un des premiers évêques de la ville.

En 532, saint Médard, quatorzième évêque de Noyon — qui en 531 avait déplacé son siège épiscopal de Saint-Quentin à Noyon — fut élu évêque de Tournai. Il unit ainsi les deux sièges qui le resteront jusqu’en 1146, lorsque le pape Eugène III sépara de nouveau les deux diocèses.

Du IXe au XIe siècle on procéda à l’édification d’un nouveau sanctuaire. Ce dernier, incendié à deux reprises (en 881 et 1066) fut chaque fois restauré. En 1092, l’abbaye Saint-Martin de Tournai est fondée. C’est aussi l’année de la fin d’une « grande peste ». En commémoration de cet événement s’établit la tradition de la « Grande Procession », qui a toujours lieu chaque deuxième dimanche de septembre.

Au début du XIIe siècle, le développement du culte de Notre-Dame, la prospérité de la ville, et peut être le désir de hâter la séparation des diocèses de Tournai et Noyon, poussèrent à la construction de l’actuelle cathédrale, la troisième. La construction se fit suivant une progression d’ouest en est, de la nef vers le chœur. Les charpentes furent réalisées de 1142 à 1150.

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En 1146, l’évêché de Tournai fut séparé de celui de Noyon par décision du pape Eugène III.

Le nouvel édifice de style roman fut consacré le 9 mai 1171 ; nous en avons conservé à ce jour la plus grande partie.

C’est au début du XIIIe siècle que débuta la voûtaison du transept, et ce, sous l’impulsion de l’évêque Étienne. Cette phase fut suivie de l’achèvement de la tour-lanterne et des quatre autres tours.

En 1243, cependant, l’évêque Walter de Marvis entreprit la reconstruction du chœur. On procéda à la démolition de l’ancien chœur roman pour faire place au chœur gothique actuel construit en style rayonnant. En 1255 eut lieu la dédicace de ce nouveau chœur. Celui-ci est directement inspiré de ceux d’Amiens et de Soissons. De taille impressionnante, sa longueur équivaut à celle de la nef et du transept romans réunis.

Au début du XIVe siècle, on procéda à l’adjonction du porche occidental, de style gothique lui aussi.

Le 23 août 1566, la cathédrale fut mise à sac par les iconoclastes, qui détruisirent ainsi la plus grande partie de son décor médiéval. À la fin du XVIIIe siècle, la Révolution française s’en prit à son tour à tout le mobilier intérieur, c’est-à-dire aux autels, aux marbres, aux cloches, aux stalles, etc. Rouverte au culte à la suite du concordat de 1801, une décoration digne de la splendeur du sanctuaire fut peu à peu reconstituée ou recréée. Deux évêques du XIXe siècle y contribueront avant tout : Monseigneur François-Joseph Hirn parvint à récupérer nombre d’œuvres d’art en provenance d’abbayes supprimées ou démantelées, comme le pavement du chœur et l’autel de l’abbatiale de l’abbaye Saint-Martin, tandis que Monseigneur Gaspard-Joseph Labis mit en route une grande restauration qui dura plus de quarante ans.

La Seconde Guerre mondiale causa également d’importants ravages. La ville de Tournai fut victime d’un intense bombardement allemand en mai 1940. La riche chapelle-paroisse Notre-Dame, de style gothique, qui datait du début du XVIe siècle et qui longeait tout le bas-côté nord de la nef romane, fut anéantie. Non reconstruite, elle a aujourd’hui disparu.

Après avoir subi une tornade le 14 août 1999, la cathédrale de Tournai a montré sa fragilité. Après des mesures visant à sa stabilisation, la ville de Tournai, Ideta, la Province de Hainaut et l’Évêché ont établi ensemble un projet de revitalisation de l’édifice et de son quartier afin de redéployer économiquement la Cité des Cinq Clochers grâce à ses atouts culturels et patrimoniaux.