Bassin minier du Nord-Pas de Calais

Découvrir le bassin minier du Nord-Pas de Calais

Le Nord-Pas de Calais offre un paysage remarquable façonné par trois siècles (XVIIIe au XXe siècle) d’extraction du charbon. Les 120 000 hectares du site sont constitués de 109 biens individuels qui peuvent être des fosses (la plus vieille date de 1850), des chevalements (supportant les ascenseurs), des terrils (dont certains couvrent 90 hectares et dépassent les 140 mètres de haut), des infrastructures de transport de la houille, des gares ferroviaires, des corons et des villages de mineurs comprenant des écoles, des édifices religieux, des équipements collectifs et de santé, des bureaux de compagnies minières, des logements de cadres et châteaux de dirigeants, des hôtels de ville, etc. Le site témoigne de la recherche du modèle de la cité ouvrière, du milieu du XIXe siècle aux années 1960, et illustre une période significative de l’histoire de l’Europe industrielle. Il informe sur les conditions de vie des mineurs et sur la solidarité ouvrière.

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Le Bassin minier du Nord-Pas de Calais correspond à la partie française du filon charbonnier du Nord-Ouest européen. Au sein d’une plaine largement ouverte, il s’étend sur environ 120 km, traversant les deux départements du Nord et du Pas-de-Calais. Il présente un paysage culturel évolutif vivant exceptionnel par sa continuité et son homogénéité. Il donne un exemple important et bien conservé des charbonnages et de l’urbanisme qui lui est associé, au cours de deux siècles d’exploitation intensive de la houille, de la fin du XVIIIe siècle au dernier tiers du XXe siècle, par des méthodes industrielles réunissant un grand nombre d’ouvriers. Cette succession de paysages résultant d’une quasi mono-industrie extractive comprend : des éléments physiques et géographiques (terrils, terres agricoles, étangs d’affaissement minier, bois), un patrimoine industriel minier (carreaux de fosses, bâtiments industriels résiduels, chevalements), des vestiges des équipements de transports dit cavaliers (canaux, chemin de fer, convoyeurs), un habitat ouvrier et un urbanisme caractéristique (corons, cités-jardins, habitat pavillonnaire, immeubles locatifs), des éléments monumentaux et architecturaux témoins de la vie sociale (églises, écoles, châteaux des dirigeants, sièges sociaux des compagnies, locaux du syndicalisme ouvrier, gares, hôtels de ville, hôpitaux et centres de soins, salles des fêtes, équipements sportifs), enfin des lieux de mémoire et de célébration de l’histoire du Bassin et de ses mineurs.

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Critère (ii) : Le Bassin minier du Nord-Pas de Calais témoigne de manière exceptionnelle des échanges d’idées et d’influences à propos des méthodes d’exploitation des filons charbonniers souterrains, de la conception de l’habitat ouvrier et de l’urbanisme, ainsi que des migrations humaines internationales qui ont accompagné l’industrialisation de l’Europe.

Critère (iv) : Les paysages miniers évolutifs et vivants du Bassin du Nord-Pas de Calais offrent un exemple éminent du développement à grande échelle de la mine de houille, aux XIXe et XXe siècles, par les grandes compagnies industrielles et leurs masses ouvrières. Il s’agit d’un espace structuré par un urbanisme, des constructions industrielles spécifiques et les reliquats physiques de cette exploitation (terrils, affaissements).

Critère (vi) : Les événements sociaux, techniques et culturels associés à l’histoire du Bassin minier eurent une portée internationale. Ils illustrent de manière unique et exceptionnelle la dangerosité du travail de la mine et l’histoire de ses grandes catastrophes (Courrières). Ils témoignent de l’évolution des conditions sociales et techniques de l’exploitation des houillères. Ils représentent un lieu symbolique majeur de la condition ouvrière et de ses solidarités, des années 1850 à 1990. Ils témoignent de la diffusion des idéaux du syndicalisme ouvrier et du socialisme.

Intégrité

La diversité et le nombre des éléments constitutifs du bien, ainsi que les multiples facettes complémentaires de ses paysages, expriment un bon niveau d’intégrité, tant technique, territoriale, qu’architecturale et urbaine. L’intégrité du témoignage des industries associées à l’histoire de l’exploitation houillère est cependant plus faible. Les conditions d’intégrité un peu inégales des éléments matériels permettent cependant une expression convenable des valeurs économiques et sociales du bien. L’intégrité peut également se lire d’une manière satisfaisante à trois échelles différentes : celle de l’objet technique ou du bâtiment, celle intermédiaire de la fosse d’exploitation, de la cité ou du territoire local, enfin celle plus vaste des paysages et des horizons rencontrés par le visiteur.

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Authenticité

L’authenticité du bien est à considérer au niveau de ses 109 éléments constitutifs et au niveau de chacun des paysages associés. Grâce à une sélection rigoureuse de ces éléments, les conditions d’authenticité sont généralement bonnes. Elles souffrent cependant de lacunes ponctuelles dans l’habitat, qu’il conviendra d’améliorer, et de possibles menaces sur le paysage dues au développement économique.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

Au sein d’un arsenal juridique, règlementaire et territorial complexe, la législation des monuments historiques forme un ensemble cohérent qui, avec la protection concertée des paysages culturels, forme le pivot de la protection. Cette complexité a cependant un double mérite : aucun des aspects de la protection n’est négligé et elle s’applique continument, tant aux éléments du bien qu’à la zone tampon. L’ensemble des dispositions est rassemblé dans une Charte patrimoniale du Bassin minier uni, qui engage l’ensemble des partenaires publics et privés du bien.

Le bien, formé de 109 sites, dispose d’un système de gestion effectif et d’une organisation technique transversale, la Mission Bassin minier, à l’origine d’un inventaire et d’une sélection des composantes du bien et des paysages associés de haute tenue. Toutefois, la mise en place de l’autorité politique transversale Conférence des territoires doit être confirmée et institutionnalisée ; les ressources financières et humaines affectées à la conservation du bien et de ses paysages doivent être pérennisées.

Le Plan de gestion et la Charte du patrimoine tentent de rassembler dans un ensemble cohérent les nombreux textes réglementaires, les nombreux dispositifs régionaux d’interventions et les plans sectoriels qui concernent la gestion du bien en série et sa conservation.

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