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Ville minière de Sewell

Découvrir la ville minière de Sewell

Située à plus de 2 000 m d’altitude dans les Andes, à 60 km à l’est de Rancagua, dans un environnement marqué par un climat extrême, la ville minière de Sewell a été construite par la société Bradden Copper en 1905 pour héberger les mineurs travaillant dans ce qui était en train de devenir la plus grande mine souterraine de cuivre du monde, El Teniente. C’est un exemple exceptionnel de ces villes qui ont été « implantées » dans de nombreuses parties reculées du monde pour exploiter une mine et transformer des ressources naturelles de grande valeur, en utilisant à la fois une main d’œuvre locale et les moyens financiers et techniques d’un pays industrialisé. Installée sur un terrain trop abrupt pour les véhicules à roues, la ville a été construite autour d’un grand escalier central partant de la gare. Le long de la pente, des places de forme irrégulière, embellies par des arbres et des plantes, constituaient les principaux espaces publics de la ville. Les immeubles construits le long des rues sont en bois, souvent peints dans des tons vifs de vert, jaune, rouge et bleu. A son apogée, Sewell a compté jusqu’à 15 000 habitants mais elle a été largement abandonnée dans les années 1970.

Valeur universelle exceptionnelle de la ville minière de Sewell

Brève synthèse

La ville minière de Sewell, située à plus de 2.200 mètres d’altitude, est accrochée aux pentes arides de la Cordillère des Andes chilienne. Dans son sous-sol, se trouve la plus grande mine souterraine de cuivre au monde, El Teniente. Sewell, première ville implantée par  une compagnie minière au Chili, principal producteur mondial de ce métal, est désormais inhabitée. Elle est un exceptionnel exemple du phénomène mondial des villes construites par des compagnies minières dans des régions éloignées afin d’extraire et d’exploiter les ressources naturelles, en l’occurrence, un cuivre de grande valeur. Ces villes minières étaient généralement créées en recrutant une main d’œuvre locale et grâce à des capitaux et des ressources extérieures. La ville minière de Sewell est particulièrement remarquable pour sa contribution à la diffusion mondiale d’une technologie minière de grande envergure.

Les origines de Sewell remontent à l’année 1905 lorsque le Gouvernement chilien a autorisé l’ingénieur des mines américain William Braden à exploiter la mine de cuivre. Il s’est évertué à construire des routes, un concentrateur, des camps et un chemin de fer pour relier ce lieu perdu à la ville de Rancagua, distante de 60 kilomètres. El Teniente et la ville de Sewell ont appartenu à des sociétés américaines jusqu’en 1971 lorsque l’industrie du cuivre a été nationalisée et est devenue la propriété de l’état qui était déjà devenu, à la fin des années 60, l’actionnaire principal. Sewell s’est progressivement étendu pour accueillir jusqu’à 15.000 habitants sur une superficie de 175.000 mètres carrés à l’époque de son plus fort développement en 1968. Puis, la ville a lentement perdu des habitants lorsque la compagnie minière a décidé, pour des raisons d’efficacité, de transférer les travailleurs à Rancagua. La phase de démolition a été interrompue en 1990 lorsqu’une politique de protection et de conservation du site a été mise en œuvre.

Sewell, une ville construite par une compagnie minière, est d’une grande originalité. Elle est connue sous le nom de Ciudad de las escaleras (Ville des escaliers) ou de Ciudad derramada en el cerro (Ville qui s’étend sur la colline) en raison de sa configuration urbaine sur les pentes abruptes des Andes. Ces spectaculaires inclinaisons ont donné naissance à un plan organique caractérisé par un système de circulation intérieure exclusivement piétonne, fait d’escaliers et de passages et d’espaces publics construits sur de petites zones ouvertes entre les bâtiments. La construction de ces bâtiments et des équipements industriels fait preuve d’une très grande créativité et d’une grande qualité dans le recours au bois et à l’acier. L’expression architecturale est caractérisée par l’austérité et la fonctionnalité, elle est également empreinte de modernisme.

Les attributs les plus exceptionnels du bien sont : les installations industrielles qui tirent avantage de l’inclinaison à flanc de coteau pour les opérations de broyage des minerais, les bâtiments qui mélangent des lieux de résidence aux étages supérieurs et des lieux de travail ou des services au rez-de-chaussée, les bâtiments de service, les espaces publics et le système de circulation piétonnière, l’infrastructure électrique et les systèmes d’adduction d’eau et d’égouts, les divers réseaux connexes de tuyaux traversant la ville ainsi que le pont de Rebolledo, et le plan d’urbanisme et la localisation de l’ensemble dans l’austère paysage andin. Parmi les installations industrielles, le concentrateur (toujours en état de marche) et les infrastructures énergétiques sont particulièrement remarquables ainsi que le secteur de la Punta de rieles (Fin du chemin de fer) situé au point le plus haut du bien. Une culture particulière s’est forgée à Sewell – un mélange de coutumes chiliennes et américaines – qui survit au travers de ses anciens résidents et de leurs descendants.

Critère (ii) : La ville de Sewell, située dans un environnement hostile, est un exemple exceptionnel du phénomène mondial des « villes implantées par des compagnies privées », établies dans des endroits reculés et mêlant main d’œuvre locale et ressources en provenance de nations déjà industrialisées afin d’exploiter le cuivre, un minerai de haute valeur. La ville a contribué à l’expansion mondiale des technologies minières de grande envergure.

Intégrité

À l’intérieur des limites du bien, d’une superficie de 17,2 hectares, tous les éléments nécessaires à l’expression de la valeur universelle exceptionnelle de la ville minière de Sewell sont réunis, y compris 38% des bâtiments d’habitation et 80% des bâtiments industriels que comprenait la ville à l’époque de son plus grand développement. Ces bâtiments forment le cœur de la ville telle qu’elle était configurée au milieu du 20e siècle. Le bien inclut toutes les typologies de construction qui ont été présentes au cours des années sauf les maisons individuelles indépendantes destinées aux habitants américains qui ont toutes été détruites. Le système de circulation piétonne, les espaces publics et les infrastructures de service sont intacts et fonctionnent toujours. Le bien ne souffre pas des effets négatifs du développement ou de l’abandon.

Le bien, qui est entouré d’une zone tampon de 33 hectares, est situé dans une zone d’exploitation minière, l’accès au bien est donc contrôlé : les visites de groupes sont limitées et organisées uniquement sous le contrôle d’opérateurs autorisés. Grâce à cette disposition, le bien ne souffre pas de pillage et n’est exposé à aucune pression liée au tourisme.

Authenticité

La ville minière de Sewell est authentique en termes de formes et de projet d’ensemble architectural, de matériaux et de substances, d’usage et de fonction, et, d ‘emplacement et de cadre. La partie industrielle du bien est toujours en activité ce qui garantit l’authenticité pleine et entière de son usage et de sa fonction. Bien que l’opération de lixiviation (séparation du métal) ne soit plus accomplie dans le concentrateur, le broyage du minerai est toujours réalisé sur place. Sewell constitue un remarquable équilibre de synergie entre production et conservation d’un bien et la viabilité de son avenir dépend largement de cet équilibre.

Dans les bâtiments non industriels quelques transformations ont eu lieu dans les années 80 mais elles ne sont pas irréversibles. La plupart des bâtiments ont été restaurés avec soin et font l’objet d’un entretien régulier. Leurs systèmes de construction, leurs plans et leurs caractéristiques essentielles ont été sauvegardés. La ville comprend également des bâtiments qui sont d’authentiques illustrations de toutes les différentes étapes de son développement, y compris la dernière époque juste avant le départ de sa population lorsque la direction a construit des bâtiments modernes en béton armé (par ex. bâtiment N° 501, construit en 1958). Dans les commentaires faits par le Comité lors de l’inscription du bien sur l’adaptation des bâtiments à des fins de réutilisation, il a été recommandé que des éléments qui témoignent des fonctions originelles d’habitation de la ville soient renforcés.

L’usage très répandu du bois de construction est une source potentielle d’incendie bien que l’altitude élevée en réduise le risque, en outre des procédures de sécurité très strictes sont mises en place afin de minimiser ce risque ainsi que tout autre risque de catastrophe. L’altitude élevée est également responsable de l’absence d’insectes xylophages.

Eléments requis en matière de protection et de gestion

La ville minière de Sewell appartient à la division d’El Teniente de la Corporation nationale du cuivre-Chili (Codelco-Chile), une société d’état créée par le Décret-loi N° 1.350  du 30 janvier 1976. En 2006, cette société a créé la Fundación Sewell (Fondation Sewell), une organisation à but non lucratif dédiée à la gestion, l’administration, la conservation et la promotion des atouts de la ville minière de Sewell, site du musée de l’industrie minière du cuivre financé par la fondation. La ville minière de Sewell a été déclarée « Monument national » par le décret N°857 du Ministère de l’éducation en date du 27 août 1998 et est, en conséquence, sous la responsabilité du Conseil national des monuments.  Un plan de gestion était en vigueur entre 2006 et 2010 mais n’a pas encore été mis à jour. Un principe important pour la gestion de ce bien a été la participation de la communauté : la contribution des habitants de Sewell à la conservation et au développement du bien et de sa mémoire pour les générations futures est mise en valeur ; il en va de même pour les recherches historiques et archéologiques du bien considéré comme un témoignage de l’exploitation minière du cuivre au Chili dans son ensemble.

Afin de rendre durable la valeur universelle exceptionnelle du bien au cours du temps, une mise à jour, une ratification et une mise en œuvre du plan de gestion seront nécessaires. Il faudra également suivre un programme rigoureux d’entretien, rendu nécessaire par les difficiles conditions atmosphériques. Dans un contexte d’adaptation des bâtiments pour les réutiliser, il sera nécessaire de les restaurer plutôt que d’ « adapter » un certain nombre d’unités d’habitation, et ce, afin de mieux rendre compte des réalités de la vie des mineurs dans la ville et de conserver un témoignage de l’agencement des bâtiments ; on pourra ainsi garantir que leur fonction d’origine est bien identifiable. Enfin, il faudra s’assurer que les interventions, y compris celles liées à l’exploitation et aux activités minières toujours en cours, ne compromettent pas la valeur universelle exceptionnelle et l’intégrité du bien.

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