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Ville de Luxembourg : vieux quartiers et fortifications

Découvrir la ville de Luxembourg : vieux quartiers et fortifications

Du fait de sa position stratégique, la forteresse de Luxembourg a été depuis le XVIe siècle jusqu’en 1867, date de son démantèlement, l’un des plus importants sites fortifiés d’Europe. Renforcées à plusieurs reprises lors des passations d’un grand pouvoir européen à un autre (les empereurs du Saint Empire, la maison de Bourgogne, les Habsbourg, les rois d’Espagne et de France et finalement les Prussiens), ses fortifications ont été un résumé d’architecture militaire s’étendant sur plusieurs siècles.

Valeur universelle exceptionnelle de la Ville de Luxembourg : vieux quartiers et fortifications

Brève synthèse

La vieille ville de Luxembourg est située au confluent de l’Alzette et de la Pétrusse, sur un éperon rocheux très escarpé qui constitue, en quelque sorte, une fortification naturelle qu’il suffisait de compléter du côté ouest. En raison de sa position stratégique exceptionnelle, la ville de Luxembourg a été l’une des plus grandes forteresses de l’Europe moderne, qui a sans cesse été fortifiée et renforcée alors qu’elle passait successivement aux mains des plus grandes puissances européennes.

A l’origine de la ville de Luxembourg, il n’y avait qu’un petit fortin (le château) construit peu après le milieu du Xe siècle sur un rocher quasi inaccessible. Au XIIe siècle, l’agglomération née près du château est protégée par un mur d’enceinte en pierre, qui est agrandi aux XIVe et XVe siècles. En 1443, la ville est prise par les troupes bourguignonnes. Par héritage, elle passe aux Habsbourg et devient espagnole jusqu’en 1684. Pendant cette période, le site est transformé en véritable forteresse. Après la conquête par le roi Louis XIV, Vauban étend et renforce les fortifications. Au XVIIIe siècle, les Autrichiens poursuivent l’œuvre de Vauban et créent le « Gibraltar du Nord ». Au lendemain du Congrès de Vienne, les Prussiens réalisent de nouveaux ouvrages militaires, jusqu’au démantèlement décidé en 1867. Après le Traité de Londres en 1867, la majorité des fortifications seront démolies, mais de nombreux vestiges représentatifs de toutes ces époques subsisteront, dont un certain nombre de portes, de forts, de bastions, de redoutes et de casemates.

La ville a conservé également le tracé de ses rues, ainsi qu’un grand nombre de bâtiments publics, témoignage important de ses origines et de sa croissance depuis le Xe siècle. A l’intérieur et aux pieds des remparts se sont développés les quartiers où les habitants étaient logés, s’adonnant au commerce ou à l’artisanat. Ils y entretenaient aussi des lieux de culte, par exemple l’église St-Michel, aujourd’hui véritable musée d’art sacré, ou l’église St-Nicolas, transférée par la suite dans le sanctuaire des jésuites, l’actuelle cathédrale. Le faubourg de Grund est marqué par l’ancienne abbaye de Neumünster. En ville haute, à l’abri des murs, les familles aristocratiques et les grandes communautés religieuses construisirent leurs hôtels particuliers, appelés « refuges », pour être près des administrations et institutions officielles. Les vieux quartiers portent encore aujourd’hui l’empreinte de leurs anciens habitants et de leurs activités.

Malgré le démantèlement de la forteresse, les ouvrages fortifiés et les vieux quartiers de la ville constituent aujourd’hui un ensemble historique de première importance. Ils offrent un exemple éminent d’une ville fortifiée européenne et abritent une variété exceptionnelle de vestiges à vocation militaire illustrant une longue période de l’histoire occidentale.

Critère (iv) : La ville de Luxembourg a joué un rôle important dans l’histoire de l’Europe pendant plusieurs siècles. Elle a su préserver les vestiges de ses impressionnantes fortifications et ses quartiers anciens dans un environnement naturel exceptionnel.

Intégrité

Malgré les nombreux sièges allant du XVe au XVIIIe siècle et le démantèlement systématique survenu à la fin du XIXe siècle, les vieux quartiers et les fortifications de la ville de Luxembourg permettent une représentation complète de sa signification historique comme forteresse et ville historique. Les bastions et autres ouvrages fortifiés caractérisent toujours le site de la ville, même s’ils ont perdu toute signification militaire. A l’intérieur des remparts, les étroites ruelles rappellent les conditions d’habitation réduites du tissu urbain médiéval.

Authenticité

Le degré d’authenticité des vieux quartiers et des fortifications reste élevé. Les structures défensives massives, de par leur nature même, ont défié toute modification importante de leur forme ou de leurs matériaux, mise à part la disparition de certains éléments de défense détruits au cours des années qui suivirent 1867. La plus grande partie du plan de la ville a survécu, ce qui montre comment les constructions civiles ont été contraintes de se conformer à un plan imposé par les exigences de la défense et de la guerre.

Dès le XIXe siècle, plusieurs bastions ont été intégrés comme éléments pittoresques dans des projets urbains. Le démantèlement de larges sections des murs d’enceinte a permis à la ville de se développer, les quartiers anciens ont été ainsi préservés, même si de nombreux bâtiments ont dû être réaffectés. Quelques maisons d’habitation abritent aujourd’hui des administrations ou des musées, mais leur aspect n’a pas changé. Plusieurs ouvrages fortifiés enfouis au XIXe siècle ont pu être dégagés et restaurés.

Eléments requis en matière protection et de gestion

La protection des biens qui appartiennent soit à l’État, soit à la ville de Luxembourg, soit à des particuliers, est régie essentiellement par la loi du 18 juillet 1983 relative à la conservation et à la protection des sites et monuments nationaux. Cette loi impose des restrictions importantes aux propriétaires et occupants des sites et bâtiments protégés. La mise en œuvre de cette législation est sous la responsabilité du Ministère de la Culture, Service des Sites et Monuments nationaux.

Les vestiges des anciennes fortifications sont la propriété de l’État, qui assure leur entretien permanent. Les quartiers anciens sont considérés par la ville de Luxembourg comme secteurs protégés. De plus, de nombreux édifices y sont classés en tant que monuments nationaux ou inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Toutes les interventions y sont suivies de très près, aussi bien par le Service des sites et monuments nationaux (Ministère de la Culture) que par la ville, afin d’en évaluer l’impact physique sur le cadre bâti et de préserver la cohérence visuelle du paysage urbain. Dans le cas où les travaux comportent un creusement dans le sol, les observations ou, le cas échéant, les fouilles archéologiques, sont obligatoires.

Le Musée national d’histoire et d’art et le Musée d’histoire de la ville sensibilisent le public aux richesses culturelles et historiques du bien. Dans le même ordre d’idées, le Ministère de la Culture a fait aménager le Musée Trois Glands consacré à la forteresse et à son influence sur la vie de la ville et de ses habitants.

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