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Sites préhistoriques de la Minorque talayotique

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Située sur l’île de Minorque, deuxième île des Baléares en superficie, en Méditerranée occidentale, une série de neuf éléments constitutifs dans les régions du Migjorn et de la Tramuntana comprend un ensemble dense de sites archéologiques qui présentent des structures cyclopéennes datant de l’âge du bronze (1600 AEC) à l’âge du fer tardif (123 AEC). Les paysages agropastoraux évoquent l’occupation de l’île par des communautés préhistoriques dans divers établissements et sites funéraires dispersés sur le plateau aride au sud et dans les collines accidentées qui s’élèvent au nord.

La grande diversité typologique de l’architecture cyclopéenne – qui se compose de structures construites avec de très gros blocs de pierre sans mortier – illustre l’évolution des pratiques de construction en pierre sèche sur l’île. Ces structures caractéristiques comprennent des hypogées (grottes artificielles), des talayots (grandes structures coniques, généralement tronquées), des enceintes de taula (structures religieuses avec une construction centrale en forme de T formée par une grande dalle de pierre rectangulaire portante un chapiteau pyramidal inversé et tronqué), des navetas (qui présentent une forme de navire inversé, et dans certains cas, des plans arrondis), des maisons circulaires et les hypostyles (toits soutenus par des piliers).

L’évolution de l’organisation spatiale de ces structures préhistoriques évoque l’émergence d’une société hiérarchisée.  Des interconnexions visuelles claires entre les sites archéologiques indiquent l’existence de structures sociales, et les orientations astronomiques laissent entendre une possible signification cosmologique. Ces établissements anciens bâtis en pierre et leurs paysages offrent une fenêtre sur les cultures insulaires préhistoriques de cette région.

Critère (iii) : La forte densité de sites préhistoriques à Minorque et leur niveau de préservation inhabituel constituent une manifestation exceptionnelle des techniques préhistoriques de construction en pierre sèche. Les structures propres à cette île, telles que les navetas funéraires, les maisons circulaires et les taulas, ainsi que les talayots et autres structures en pierre sèche relatives à l’organisation spatiale et à l’occupation du paysage par des communautés préhistoriques dans un environnement insulaire difficile, constituent un témoignage exceptionnel d’une tradition d’architecture cyclopéenne et de son évolution sur une période d’environ 1 500 ans.

Critère (iv) : La Minorque talayotique représente un ensemble exceptionnel d’architecture préhistorique cyclopéenne qui illustre l’organisation et les pratiques des communautés de l’âge du bronze à l’âge du fer tardif. Les navetas, talayots, taulas et maisons circulaires des neuf éléments constitutifs du bien en série illustrent l’évolution de l’occupation de l’île et représentent une source importante de connaissances sur les conditions de vie durant cette période. La répartition des sites préhistoriques au sein du paysage agropastoral de Minorque illustre une organisation spatiale qui, grâce à la préservation de nombreux vestiges, est encore lisible dans une large mesure, montrant des interconnexions visuelles entre les structures cyclopéennes ainsi que de possibles connotations sacrées, symboliques et politiques.

Intégrité

Tous les éléments nécessaires à l’expression de la valeur universelle exceptionnelle de la Minorque talayotique se trouvent au sein des limites du bien en série, y compris un large éventail typologique d’architecture préhistorique cyclopéenne qui illustre l’évolution des pratiques de construction cyclopéenne sur l’île pendant environ 1 500 ans, de l’âge du bronze à l’âge du fer tardif. Ses limites garantissent une représentativité complète des caractéristiques et des processus qui confèrent son importance au bien. Le bien ne souffre pas outre mesure des effets néfastes du développement et/ou de négligences.

Authenticité

Le bien en série remplit les conditions d’authenticité. Ses valeurs culturelles sont exprimées de manière véridique et crédible grâce à une variété d’attributs, notamment les situations et les cadres, les formes et les conceptions, ainsi que les matériaux et la substance des vestiges archéologiques, dont la plupart présentent un degré élevé d’authenticité. Les situations des structures et des établissements préhistoriques cyclopéens sont authentiques, tandis que leurs cadres, constitués par les paysages agropastoraux inclus dans les limites du bien ainsi que dans les zones tampons, ont évolué, mais ils évoquent encore des époques anciennes. Les sites archéologiques ont été bien documentés, et les sources d’information sur les sites et les fouilles sont crédibles.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

Le bien en série est protégé par un système intégré de régimes de protection de l’environnement, de la culture, du paysage et du territoire chapeauté par le Conseil insulaire de Minorque. Toutes les structures archéologiques préhistoriques sont protégées en vertu de la loi 12/1998 sur le patrimoine historique des îles Baléares, la majorité d’entre elles étant également désignées comme patrimoine d’intérêt culturel (Bien de Interés Cultural, BIC), qui constitue le plus haut niveau de protection des biens culturels en vertu de la législation espagnole, réglementée par la loi 16/1985 sur le patrimoine historique espagnol. Le plan d’aménagement de Minorque (2020) protège en outre les neuf éléments constitutifs du bien en série en tant que zones d’intérêt paysager. Une protection spéciale s’applique également au ciel nocturne.

Le Conseil insulaire de Minorque est responsable de la gestion du bien en série, de l’application de toutes les lois de protection du patrimoine et de la mise en œuvre des instruments de planification. Il a créé l’agence Minorque talayotique pour coordonner et mettre en œuvre les programmes établis dans le plan de gestion, qui comprennent la conservation, la restauration, le suivi, la gestion des visiteurs, la communication et la recherche. Des plans directeurs seront préparés pour les sites archéologiques principaux considérés comme les plus importants et les plus visités. Le maintien durable de la valeur universelle exceptionnelle du bien serait favorisé par l’existence d’un plan directeur pour chaque site archéologique principal, et de l’élaboration d’objectifs de gestion spécifiques pour chacun des éléments constitutifs liés à la conservation des attributs qui soutiennent la valeur universelle exceptionnelle.

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