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Pétroglyphes du paysage archéologique de Tanbaly

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Vers l’extrémité occidentale des Tian Shan, dans le sud-est du Kazakhstan, l’éperon montagneux des Chu Ili forme un canyon autour de la gorge de Tanbaly. Des sources en abondance, une végétation riche et l’abri qu’elle procure distinguent cette zone des montagnes arides qui longent la frontière entre le Kazakhstan et le Kirghizistan au sud, et des plaines sèches et plates du Kazakhstan central au nord. La gorge et le paysage rocheux environnant, rythmé par de hautes pierres noires et luisantes disposées en paliers, ont attiré les communautés pastorales dès l’âge du bronze, et se sont chargés de valeurs symboliques profondes.

Le paysage archéologique de Tanbaly recèle une remarquable concentration d’environ 5,000 pétroglyphes, de peuplements associés et de sites funéraires, qui, ensemble, témoignent des activités d’élevage, de l’organisation sociale et des rituels des peuples pastoraux, depuis l’âge du bronze jusqu’au début du XXe siècle. La grande taille des premiers pétroglyphes, leurs images exceptionnelles et la qualité de l’iconographie les démarquent du corpus d’art rupestre de l’Asie centrale.

Le bien couvre une zone à peu près circulaire de 900 ha et inclut le mont Tanbaly, un pic de 982 m d’altitude. La rivière Tanbaly traverse le site pour s’écouler dans la plaine en contrebas, en direction du nord. Autour du bien s’étend une grande zone tampon de 2,900 ha, englobant au nord-ouest et au sud-est du bien des avancées des pétroglyphes, et d’autres tertres funéraires et anciens peuplements.

Les pétroglyphes gravés sur des parois rocheuses en plein air, où ils ont été formés par piquetage avec des outils en pierre ou en métal, constituent les monuments les plus nombreux du bien. Les images ont été inventoriées dans 48 ensembles différents, dont cinq majeurs, rassemblant environ 3,000 images. Les gravures les plus exceptionnelles, et de loin, sont aussi les plus anciennes : de grandes figures taillées en profondeur, avec rudesse, constituant un large répertoire d’images, dont des formes uniques comme des divinités solaires, des êtres zoomorphes habillés de fourrures, des sujets syncrétiques, des hommes déguisés et diverses espèces animales. 

La délimitation du bien en un centre sacré et une périphérie extérieure résidentielle, combiné à des images sacrées de têtes solaires, à des autels et à des zones de culte clôturées, en fait un ensemble unique, présentant des associations sacrées qui ont perduré de l’âge du bronze à nos jours.

Critère (iii) : L’ensemble dense et cohérent de pétroglyphes, avec les images sacrées, les autels et les lieux de culte, ainsi que les établissements et sites associés, constituent un témoignage important sur l’existence et les croyances des peuples de pasteurs des steppes d’Asie centrale, depuis l’âge du bronze jusqu’à nos jours.

Intégrité

Le paysage naturel crée un cadre discret et fini à l’art rupestre. Toute la zone centrale, ainsi que la zone périphérique immédiate, sont incluses dans les limites du bien.

Les Pétroglyphes du paysage archéologiquede Tanbaly conserve encore intacts son caractère d’origine et ses caractéristiques naturelles et culturelles essentielles. Il possède aussi des strates culturelles bien préservées, témoignage de l’ensemble des stades de développement de cet important centre cultuel au sein d’une vaste région. 

Toutefois, la route qui traverse la partie septentrionale du bien, construite à l’époque soviétique, représente une intrusion visuelle qu’il convient de rectifier. Les poteaux en béton de l’ancienne ligne électrique et quelques bergeries modernes ont été supprimés suite à l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial. Dans la mesure où le développement et le peuplement des terrains avoisinants progressent rapidement, il faudra, pour protéger l’intégrité du paysage, prendre des mesures vigoureuses en matière d’urbanisme et de contrôle afin de réglementer l’implantation, la hauteur et la densité des constructions nouvelles et de l’infrastructure urbaine.

Les principaux éléments du paysage culturel sont les pétroglyphes, qui présentent différents degrés de visibilité (des dessins noir bleuté de l’âge du bronze et du début de l’âge du fer aux gravures gris clair de la dernière époque), les petits tumulus de pierre et de terre et les tombes de pierre à peine visibles en surface, et les vestiges d’habitats et d’enclos de pierre. Malgré le fait que certaines parties des massifs rocheux portent des traces de destructions anciennes (groupes II-III) et de graffitis modernes (groupes IV-V), dans l’ensemble, la galerie des pétroglyphes a préservé son intégrité et son caractère représentatif. Les traces des fouilles archéologiques passées (amas de déchets, creusement superficiel des sépultures) sont insignifiantes et en partie effacées, et ne se remarquent pas dans le contexte global des autres sites et du paysage.

Les principales menaces pesant sur l’intégrité physique du bien viennent de l’altération par les éléments climatiques, associée à la formation géologique des roches. L’eau s’infiltre, et la stratification du lit rocheux étant parallèle à la surface, les parois rocheuses sont vulnérables à l’exfoliation. Le niveau élevé de la nappe phréatique et la salinité de ses eaux ont également un impact sur les ossements et les artefacts (mobilier funéraire) qui peuvent se trouver dans les sépultures. Ces facteurs de déclin sont aussi exacerbés par les variations extrêmes de température, dans la journée et d’une saison à l’autre. La région d’Almaty est également sujette à des risques sismiques, et l’on peut craindre les incendies de steppe. Quant aux facteurs humains, l’accès incontrôlé des visiteurs et les graffitis constituent une menace pour l’intégrité des composantes du bien.

Authenticité

Les caractéristiques naturelles et culturelles et le cadre du bien, les Pétroglyphes du paysage archéologique de Tanbaly, conservent un haut niveau d’authenticité. Toutes les composantes importantes du centre cultuel sont présentes et clairement lisibles. 

Eléments requis en matière de protection et de gestion

Les Pétroglyphes du paysage archéologique de Tanbaly est un bien d’importance nationale, inscrit depuis 2001 sur la Liste des monuments historiques et culturels. Le bien appartient à l’État et il est protégé par la Loi de 1992 sur la protection et l’exploitation du patrimoine historique et culturel. Le bien et sa zone tampon sont un territoire de la Réserve archéologique d’État de Tanbaly, un musée-réserve créé en 2003 au titre d’agence de gestion permanente, sous la direction du Ministère de la culture de la République du Kazakhstan. L’autorité de gestion a ses bureaux dans le centre d’accueil des visiteurs, installé sur le territoire adjacent à la zone tampon. Ils comptent cinq départements : administration, recherche scientifique, archives, logistique et services de sécurité. Le musée-réserve possède aussi un bureau de représentation au centre administratif régional d’Usyn-Agash.

Les activités du personnel du musée-réserve visent d’abord à assurer une protection et une conservation appropriées du bien et de sa zone tampon, ainsi que de leurs composantes culturelles et naturelles. Ces activités s’appuient sur le plan de gestion du bien, actualisé tous les cinq ans, ainsi que sur le document intitulé « Principe général de développement des musées-réserves d’État » (2009). Les activités visent aussi à encourager la coopération entre l’ensemble des institutions concernées, dans le domaine, notamment, de la conservation, de la recherche scientifique, du tourisme et de l’éducation.

Parmi les priorités actuelles du musée-réserve figure l’actualisation du plan de gestion élaboré par le projet conjoint de l’UNESCO, de la Norvège et du Kazakhstan pour la période 2012-2017. Les principales questions concernant la protection et la conservation du site seront examinées dans le cadre de ce projet.

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