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‘Uruq Bani Ma’arid

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

‘Uruq Bani Ma’arid est situé à l’extrémité occidentale de la plus grande étendue de sable continue sur Terre connue sous le nom de Rub’al-Khali. Le désert hyperaride du bien représente une zone sauvage emblématique d’Arabie et conserve un des paysages de désert les plus spectaculaires de la Terre où les espèces sauvages trouvent une grande diversité d’habitats. La diversité biologique qu’il abrite est supérieure à celle de n’importe quelle autre partie du Rub’al-Khali ; le système de dunes linéaires est parmi les plus longs du monde et recouvre un plateau calcaire déchiqueté ainsi que l’extrémité sud de l’escarpement de Tuwaiq avec ses oueds bordés de végétation, ses plaines de gravier et ses corridors interdunaires. Le gradient des habitats naturels englobés dans le bien forme les blocs de construction d’un réseau écologique fonctionnel de structures et processus soutenant la survie et la viabilité d’espèces de plantes et d’animaux clés d’importance mondiale, y compris des espèces réintroduites avec succès. ‘Uruq Bani Ma’arid est le dernier endroit où l’on a observé l’oryx d’Arabie dans la nature et il fait aujourd’hui l’objet d’un programme de réintroduction, intensif et couronné de succès, de l’oryx d’Arabie et d’autres espèces clés telles que la gazelle des sables d’Arabie et la gazelle de montagne d’Arabie.

Situé à l’extrémité sud de l’escarpement calcaire du Jebel Tuwaiq, la zone couverte par le bien illustre l’interaction entre les dunes du Rub’al-Khali et l’escarpement, créant une diversité topographique qui distingue le bien proposé des zones voisines du Rub’al-KhaIi. Alors que les dunes dynamiques assistent au processus d’adaptation des espèces à des milieux physiques extrêmes, l’escarpement plus stable fournit le refuge intermittent nécessaire à la survie des espèces qui vivent libres dans le bien. Au total, le bien englobe 1,27 million d’hectares d’écosystèmes désertiques intacts et une zone tampon de 80 600 hectares.

Critère (vii) : ‘Uruq Bani Ma’arid est un désert de sable hyperaride emblématique représentant la plus grande mer de sable de la Terre, Rub’ al-Khali, où les sables rencontrent l’escarpement de Tuwaiq en un spectre extraordinaire de contrastes juxtaposés et de fusions de formes et de couleurs. Trente‑cinq dunes linéaires (‘uruq en arabe) atteignent 200 km de long et s’élèvent jusqu’à 170 m de hauteur. Leurs longueurs d’onde varient de 2,5 à 4,5 km. Le bien se distingue aussi par la présence de méga‑ondulations (zibars en arabe) qui sont particulièrement bien développées dans le bien. Les méga‑ondulations sont des éléments au relief généralement bas, sans profil de pente bien formé, composées de sable grossier relativement mal trié.

Le bien est un refuge écologique pour des espèces emblématiques de la faune sauvage du désert et offre un panorama de classe mondiale sur les sables éoliens du désert du Rub’al-Khali, avec quelques‑uns des champs de dunes linéaires les plus hauts du monde, des corridors interdunaires, des oueds bordés de végétation coulant vers l’est, l’escarpement de Tuwaiq englouti par les sables soufflés vers l’ouest, et des plaines de sable basses à l’ouest de l’escarpement. La large palette des harmonies de couleurs dérive de la résonance des tons contrastés des grains de sable dans les ondulations qui couvrent les dunes. C’est l’image même du désert où l’oryx d’Arabie de couleur claire (ou wudayhi, ce qui signifie clair en arabe) se détache sur le paysage grandiose et spectaculaire de ce milieu hyperaride.

Critère (ix) : La topographie variée du bien crée toute une gamme d’habitats et de niches pour les espèces sauvages, notamment des refuges écologiques pour l’oryx d’Arabie, la gazelle des sables d’Arabie et la gazelle de montagne d’Arabie, qui ont été réintroduits avec succès dans leurs habitats d’origine (dans le cas de l’oryx d’Arabie, après des décennies d’extinction dans la nature), et dont les populations respectives mondiales présentes dans le bien atteignent 19 %, 25 % et 2 %. Ces animaux sont complètement libres dans une vaste région dotée d’un niveau élevé d’intégrité écologique. On peut observer des adaptations ingénieuses des espèces de plantes et d’animaux à ce milieu hostile et des processus de spéciation. La gazelle des sables d’Arabie est adaptée à de grands extrêmes de température et de sécheresse et l’oryx d’Arabie est en mesure de s’adapter à l’augmentation des températures. Le bien comprend 526 espèces décrites au moment de l’inscription, formant un écosystème intact. L’escarpement de Tuwaiq et son réseau associé d’oueds intérieurs jouent un rôle vital en soutenant les plantes pérennes ligneuses qui sont essentielles à l’alimentation des espèces emblématiques auxquelles elles fournissent aussi un abri.

Bien que sa biodiversité soit faible comparée à celle d’autres biens désertiques à l’échelon mondial, ‘Uruq Bani Ma’arid semble présenter la flore la plus riche du Rub’al-Khali avec 118 espèces de plantes recensées et un niveau élevé d’endémisme. La région abrite aussi cinq espèces de reptiles endémiques de l’Arabie et c’est un site d’importance critique pour la conservation des plantes, avec des taxons localement endémiques, quasi endémiques, endémiques au plan régional et/ou à l’aire de répartition régionale restreinte.

Intégrité

Le bien se distingue par ses très grandes dimensions et son niveau élevé d’intégrité. En effet, il n’y a pratiquement pas d’impacts de coupe d’arbres, de surpâturage, de chasse et d’autres facteurs de désertification. La vaste superficie du bien garantit la représentation de l’écosystème désertique hyperaride avec tous ses éléments couverts et soumis à une évolution non perturbée. Le réseau trophique est intact et en équilibre. Toutefois, il importe de noter la nature fragile de l’écosystème du bien, en particulier dans le contexte des changements climatiques.

La configuration de ‘Uruq Bani Ma’arid, associant des systèmes dunaires à un escarpement et un plateau incisé crée un « effet bordure » exceptionnel pour la survie d’espèces sauvages dans un milieu hyperaride. L’intégrité est maintenue grâce à l’emplacement reculé du bien et à son éloignement par rapport à de grands développements. Un terrain accidenté et un climat rigoureux ont empêché les êtres humains d’y résider en permanence et d’en utiliser les ressources à grande échelle.

Eléments requis en matière de protection et de gestion

Le bien coïncide avec l’Aire protégée ‘Uruq Bani Ma’arid qui protège effectivement les espèces emblématiques. Il importe de maintenir le caractère intact du bien et de faire en sorte que l’écosystème désertique reste non perturbé et ne soit pas affecté par le pâturage des camélidés et la chasse illégale des espèces sauvages. Les activités d’exploration et d’extraction du pétrole et du gaz sont interdites dans le bien, ce qui est confirmé par approbation royale. Les besoins d’audit environnemental, de réhabilitation d’anciens sites de carrière et les besoins de surveillance des exploitations agricoles privées, à proximité de l’aire protégée reçoivent une attention adéquate au moment de l’inscription.

En 1996, ‘Uruq Bani Ma’arid a été désigné aire protégée par décret royal et jouit du niveau de protection le plus élevé au niveau national. Le bien appartient entièrement à l’État et il n’y a ni terre privée, ni revendication territoriale à l’intérieur des limites. Il est protégé de manière adéquate par la législation nationale. Le principal cadre législatif est la loi nationale de protection de l’environnement de 2020 qui représente un cadre légal. Cette loi est exécutée dans le cadre de plusieurs règlements, y compris un règlement mis à jour sur les aires protégées, ratifiés par le gouvernement en septembre 2021, qui est le principal instrument législatif concernant les aires protégées. Le Centre national pour la faune sauvage est l’autorité nationale chargée de proposer, gérer et superviser les aires protégées. D’autres cadres législatifs réglementent les activités humaines principalement en dehors des aires protégées, y compris le règlement national sur la chasse des espèces sauvages, le règlement sur l’exploitation du bois, le règlement sur les violations de l’environnement et les sanctions, le règlement sur les activités de licences environnementales pour la construction et le fonctionnement des activités de développement, et le règlement sur la restauration de sites dégradés et pollués. L’augmentation du pâturage des camélidés, présents dans la zone d’utilisation durable des ressources, et la chasse illégale des espèces sauvages sont les principales activités qui pourraient devenir préoccupantes. Au moment de l’inscription, ces activités sont traitées de manière adéquate par l’équipe de gestion. Une zone tampon, à l’ouest, protège le bien contre la dégradation de l’environnement découlant des activités de développement voisines.

Un plan de gestion triennal guide la transition du bien entre une aire protégée nationale et un bien du patrimoine mondial. La mise en œuvre a commencé en 2021 et toutes les ressources humaines, financières et logistiques ont été attribuées, ainsi que l’expertise technique nationale et internationale. La gestion sur place est garantie par plus de 140 employés et un financement durable fourni par le gouvernement. En 2021, un plan de zonage mis à jour a été élaboré, représentant une vision décennale de la conservation pour l’aire protégée en tant que bien naturel du patrimoine mondial. Tout cela garantira le plus haut niveau d’intégrité et la protection effective à long terme des valeurs naturelles et des attributs du bien. Au moment de l’inscription, le bien est divisé en quatre zones distinctes équilibrant les objectifs de conservation et de développement durable : zone de nature sauvage (54 %), zone écotouristique nature‑culture (2 %), zone d’utilisation durable des ressources (44 %), et zone d’utilisation générale (moins de 0,5 %), en plus d’une zone tampon de 80 600 hectares.

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