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Routes de la soie : corridor de Zeravchan-Karakoum

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Le corridor de Zeravchan-Karakoum est l’un des principaux tronçons des routes de la soie de l’Asie centrale, qui relie d’autres corridors venant de toutes les directions. Comprenant trente-quatre éléments constitutifs dans des montagnes escarpées, des vallées fluviales fertiles et des déserts inhabités, ce corridor de 866 kilomètres de long s’étend d’est en ouest le long de la rivière Zeravchan et plus au sud-ouest en suivant les anciennes routes caravanières traversant le désert du Karakoum jusqu’à l’oasis de Merv.

Disséminés le long du corridor qui traverse diverses zones géographiques, telles que des hauts plateaux, des piémonts, des steppes, des oasis, des vallées fertiles et des zones désertiques arides, les éléments constitutifs sélectionnés reflètent la complexité des paysages et l’adaptation des sociétés au contrôle des déplacements et du commerce sur les routes de la soie. La diversité des réponses apportées par l’homme entre les vallées fertiles et les deltas, ainsi que par les traversées de déserts et de rivières, se reflète clairement dans la sélection des petites villes, des forts et des étapes, tandis que les retombées du capital politique et social généré par des contacts commerciaux se reflètent dans l’éventail des bâtiments commerciaux, élitaires et religieux inclus dans la proposition d’inscription. C’est dans cette région que prospérèrent les Sogdiens, qui comptent parmi les plus grands marchands de l’histoire du monde. Le contrôle de ces corridors revêtait une importance vitale pour nombre des grands empires des routes de la soie, tels que ceux des Sogdiens, des Parthes, des Sassanides, des Timourides et des Seldjoukides, car ils étaient essentiels pour les échanges longue distance le long des routes de la soie.

Le long du corridor, une grande quantité de marchandises et certains articles de grande valeur en provenance de l’est et de l’ouest furent transportés et échangés, et de nombreux produits locaux réputés en sortirent pour satisfaire les désirs de populations lointaines. Les populations voyagèrent, s’établirent, firent des conquêtes ou subirent des défaites le long du corridor, en faisant un creuset mêlant appartenances ethniques, cultures, religions, sciences, et technologies. Durant la période historique des routes de la soie, du IIe siècle AEC au XVIe siècle EC, le corridor a connu trois périodes de prospérité : l’ascension des marchands sogdiens du Ve au VIIIe siècle EC ; le commerce florissant avec le monde musulman et au-delà entre le Xe et le XIIe siècle EC, et le développement considérable de la science, de la culture, de l’urbanisme et de l’économie sous la domination mongole du XIIIe au XVIIe siècle EC.

Critère (ii) : Le corridor de Zeravchan-Karakoum témoigne d’un échange d’influences considérable sur une durée de dix-huit siècles au cœur de l’Asie centrale comme le démontrent l’architecture, les monuments, l’urbanisme, les paysages, les arts et la technologie de ses éléments constitutifs, qui reflètent des cultures, des traditions ethniques, des croyances, et des technologies diversifiées, aussi bien séparément que mélangées. Étant l’un des principaux tronçons au centre du réseau des routes de la soie reliant de multiples régions ethniques qui a été contrôlé alternativement par de grands empires voisins, le corridor de Zeravchan-Karakoum montre clairement la diversité des populations, et les cultures et traditions, les idées et les croyances, de même que le savoir et les technologies qui leur sont associés.

Critère (iii): Le territoire du corridor de Zeravchan-Karakoum est recouvert de strates riches en dépôts culturels qui se sont accumulés tout au long de l’histoire, représentant un témoignage exceptionnel des traditions culturelles des sociétés qui furent façonnées par le commerce et les échanges le long du corridor, comme l’atteste la richesse des marchands sogdiens telle que le montrent leurs résidences luxueuses, les temples sogdiens avec des autels à feu et des fresques, les citadelles achéménides, les premières mosquées islamiques hypostyles dotées de grands minarets, les riches bâtiments soufis d’après la grande conquête arabe, les systèmes d’irrigation évolués, ainsi que le large spectre d’installations offrant des services aux caravanes, qui avaient été mises à disposition et entretenues par les empires ayant successivement contrôlé le corridor.

Critère (v) : Le corridor de Zeravchan-Karakoum est un exemple éminent d’établissements humains traditionnels et d’occupation des sols, qui est représentatif de l’interaction humaine avec la nature. Le territoire du corridor couvre diverses zones géographiques, telles que des hauts plateaux, des piémonts, des steppes sèches, des oasis et des vallées fertiles, ainsi que des zones arides et désertiques, qui façonnèrent l’urbanisme, les conceptions architecturales, les activités agricoles et d’autres activités de production. Ce furent également la détermination, les initiatives et les conceptions ingénieuses des populations qui transformèrent ces terres rudes en des terres où elles prospérèrent.

Intégrité

L’intégrité du bien se situe à deux niveaux : celui du corridor et celui des éléments constitutifs individuels. Au niveau du corridor, la diversité des formes et des fonctions des éléments constitutifs sélectionnés, parmi lesquels des mausolées, des sardobas, des caravansérails, des minarets, des mosquées, des ensembles religieux, des établissements, ainsi que des vestiges d’anciennes cités, démontre pleinement le rôle important que le corridor joua autrefois dans l’histoire en tant que tronçon central qui non seulement reliait d’autres corridors des routes de la soie, mais contribuait aussi au commerce avec des marchandises produites localement. Le bien en série dans son ensemble illustre également l’échange des idées et des connaissances le long des routes de la soie, résultant de la circulation des populations et des biens. Au niveau des éléments constitutifs individuels, tous les attributs nécessaires pour transmettre la valeur universelle exceptionnelle du bien sont inclus dans le bien. Les facteurs affectant le bien, comme la pression due au développement, sont largement sous le contrôle des États parties.

Authenticité

L’authenticité du bien se situe au niveau du corridor et au niveau des éléments constitutifs individuels. Au niveau du corridor, l’orientation de la route, les conditions géographiques et les environnements paysagers qui façonnèrent le corridor sont restés relativement intacts au fil du temps. Au niveau des éléments constitutifs, la situation, le plan et la configuration des sites sont restés inchangés. De nombreux tronçons de routes sont encore utilisés pour le transport comme par le passé, et la majorité des édifices religieux et cimetières remplissent encore aujourd’hui leurs fonctions d’origine. De nombreux sites archéologiques ont été fouillés puis remblayés pour protéger les matériaux contre la détérioration, la majeure partie de ce segment restant encore intacte, offrant une opportunité pour de futures recherches et la collecte de données authentiques. Les matériaux et conceptions d’origine existent dans la plupart des bâtiments. Les interventions de conservation entreprises sur les bâtiments se sont conformées aux principes acceptés au niveau international, tels que des interventions minimales. Les reconstructions aux fins d’interprétation ont été menées de manière à ce que les parties reconstruites se distinguent des structures et des matériaux d’origine.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

La protection juridique s’exerce aux niveaux international, national et des éléments constitutifs. Au niveau international, un accord entre le ministère de la Culture de la République du Tadjikistan, le ministère de la Culture de la République d’Ouzbékistan et le ministère de la Culture du Turkménistan concernant la promotion, la gestion et la protection communes des éléments de la proposition d’inscription en série transnationale « Routes de la soie : corridor de Zeravshan-Karakoum » a été signé entre les États parties en 2020 en tant que base juridique pour la protection et la gestion du bien. Au niveau national, les trente-quatre éléments constitutifs appartiennent tous aux États et sont classés selon les désignations juridiques de chaque État. Au niveau du site, les trente-quatre éléments constitutifs ont été relevés, étudiés et documentés avec soin, les mesures nécessaires requises pour leur préservation sont mises en œuvre et les restrictions concernant l’occupation des sols de même que des règlements d’urbanisme nécessaires aux fins de conservation sont appliqués. 

Le corridor de Zeravchan-Karakoum est géré aux niveaux transnational, national et des éléments constitutifs. Au niveau du corridor, la gestion est régie par l’Accord, qui établit un Comité de coordination et un Groupe de travail pour la protection et la gestion d’ensemble du bien. Le Comité de coordination organise des réunions avec les parties prenantes concernées pour résoudre des questions soulevées en matière de protection et de gestion du corridor. Le Comité de coordination, de concert avec les autorités locales, fournit les outils nécessaires et des formations aux gestionnaires et inspecteurs, et encourage la recherche et les activités conjointes pour la protection et la promotion du corridor des routes de la soie. Le Groupe de travail organise, à la demande du Comité de coordination, des réunions pour discuter des questions de protection et de gestion des éléments constitutifs. Le Groupe de travail est également responsable du suivi de l’état de conservation des éléments constitutifs et informe le Comité de coordination des décisions adoptées. L’Institut international d’études sur l’Asie centrale (IICAS), basé à Samarkand en Ouzbékistan, facilite le partage d’informations entre les pays au cours des processus de de gestion. Cet institut fait également office de secrétariat pour la proposition d’inscription du corridor de Zeravchan-Karakoum.

Au niveau national, les éléments constitutifs appartiennent tous aux États parties et sont classés en tant que sites patrimoniaux protégés. Les ministères de la Culture des États parties sont respectivement responsables de la gestion du patrimoine culturel de leur pays en ce qui concerne l’enregistrement national, l’élaboration des politiques, l’administration et l’allocation budgétaire, entre autres.

Au niveau de l’élément constitutif, chaque site est géré par les branches régionales ou les institutions gouvernementales relevant des ministères de la Culture des États parties. Les coûts de la gestion, de l’entretien, de la conservation et du suivi des sites sont principalement couverts par le financement budgétaire annuel des gouvernements centraux et locaux, tandis que les aides extrabudgétaires nationales et internationales sont allouées à des projets spécifiques tels que des campagnes de conservation, le renforcement des capacités et la recherche. Le soutien technique est assuré par des ressources internationales, ainsi que par des universités et des institutions académiques des États parties.

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