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Parc national des monts Balé

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Le Parc national des monts Balé (PNMB) s’enorgueillit de posséder un paysage mosaïque spectaculaire et divers, formé d’écosystèmes et d’habitats distincts et de la biodiversité qui leur est associée. Le bien couvre une superficie de 215 000 hectares au cœur du massif Balé-Arsi, dans le sud‑est des plateaux éthiopiens, dans l’État national régional d’Oromia. Grâce aux efforts déployés il y a bien longtemps, le parc national est légalement protégé et délimité depuis 2014. Le bien comprend la plus vaste région d’habitats afro‑alpins d’Afrique, au‑dessus de 3 000 m d’altitude, et de nombreux lacs glaciaires, zones humides et landes. Des crêtes et des pics volcaniques surplombent le plateau, en particulier le pic Tullu Dimtu, qui est le deuxième plus haut sommet d’Éthiopie, culminant à 4 377 m au‑dessus du niveau de la mer. Ailleurs dans le parc, prospèrent de vastes prairies à proximité de différents types de forêts, y compris des landes arborescentes et des forêts de bambous et de genévriers. De manière significative, les pentes méridionales des monts Balé tombent de manière vertigineuse dans la célèbre forêt d’Harenna, la deuxième plus grande forêt tropicale humide d’Éthiopie, qui comprend des parcelles de forêt de brouillard.

À la source de plusieurs rivières importantes, les écosystèmes et les habitats du PNMB et ses environs alimentent en eau des millions de personnes, en Éthiopie et au‑delà. Le parc et ses environs abritent une faune et une flore extraordinaires dont le degré d’endémisme est exceptionnel et, dans plusieurs cas, les dernières populations d’espèces menacées au plan mondial appartenant à plusieurs groupes taxonomiques. Par exemple, le nyala de montagne et le cercopithèque du Balé sont tous deux endémiques de cette région, de même que de nombreux rongeurs et amphibiens, et ainsi que la dernière population importante de loups d’Abyssinie ou d’Éthiopie. Il importe de comprendre, cependant, qu’au moment de l’inscription de ce bien aux valeurs de conservation exceptionnelles, de très hautes pressions s’exercent sur les écosystèmes. Malgré de graves menaces et un besoin permanent de mieux équilibrer d’une part, les moyens d’existence locaux et d’autre part, les services écosystémiques et la conservation de la biodiversité, des efforts de conservation de longue durée, des partenariats et la protection naturelle fournie par le terrain accidenté ont permis de maintenir un état et des perspectives de conservation favorables, conformes aux standards des forêts tropicales humides afro‑alpines et d’Afrique de l’Est.

Critère (vii) : Le bien protège une mosaïque paysagère à la beauté extraordinaire, façonnée par les forces conjuguées des écoulements de lave anciens, de la glaciation et de la dissection par la vallée du Grand Rift. Sa beauté naturelle exceptionnelle lui vient de ses pics et crêtes volcaniques, de ses escarpements spectaculaires, de ses vallées à perte de vue, de ses lacs glaciaires et de ses forêts luxuriantes, de ses gorges profondes et nombreuses cascades. Le parc a un gradient altitudinal de près de 2 900 m, du pic le plus élevé, à 4 377 m d’altitude (Tullu Dimtu), jusqu’à environ 1 500 m au‑dessus du niveau de la mer, dans la forêt d’Harenna. Le gradient altitudinal ne crée pas seulement des changements vibrants dans la topographie, les sols, la végétation et les assemblages d’espèces mais des points de vue à couper le souffle qui changent constamment. Parmi les zones humides dispersées et les affleurements rocheux, les lobélias géantes emblématiques brisent l’horizon au‑dessus d’une végétation afro‑alpine par ailleurs rabougrie sur le plateau de Sanetti, un milieu de haute altitude rigoureux, à l’esthétique saisissante. Des stries insolites (boulder grooves) marquent en superficie les flancs des collines, un phénomène naturel qui reste une énigme pour les géologues et les glaciologues. Tombant du plateau, l’Harenna et la Mena Angetu adjacente forment la deuxième plus grande forêt tropicale humide d’Éthiopie, en transition dans certains endroits vers les dernières parcelles de forêt de brouillard du pays. Ce décor, combiné aux plateaux, vient compléter un paysage unique et majestueux à l’esthétique naturelle extraordinaire.

Critère (x) : Le bien abrite une biodiversité diverse et unique aux niveaux des écosystèmes, des espèces et de la génétique. Le plateau de Sanetti et les pentes du Parc national des monts Balé, au‑dessus de 3 500 m d’altitude, englobent la plus vaste étendue intacte et contiguë d’habitats afro‑alpins au monde, ce qui conforte l’importance du bien en tant que vestige rare et gigantesque de cet habitat. Singulièrement, les habitats afro‑alpins des monts Balé continuent d’être intimement reliés aux vastes étendues intactes d’écosystèmes et habitats de forêts, de zones humides et de prairies. Plus de 80 % des espèces de l’habitat afro‑montagnard sont endémiques.

Le Parc national des monts Balé abrite 1660 espèces de plantes à fleurs décrites dont 177 sont endémiques d’Éthiopie et 31 exclusivement des monts Balé. Les forêts des monts Balé sont un réservoir génétique pour le café sauvage des forêts et pour un nombre incalculable d’espèces de plantes médicinales. Dans le parc, 79 espèces de mammifères ont été recensées dont 23 sont endémiques, y compris huit espèces de rongeurs. Il y a 363 espèces d’oiseaux documentées, dont plus de 170 espèces d’oiseaux migrateurs recensées, notamment des rapaces de passage et hivernants, y compris l’aigle criard. Les habitats afro‑alpins ne sont pas exceptionnellement riches en espèces de plantes, mais plus de 80 % de toutes les espèces trouvées dans ce type d’habitat sont endémiques, ce qui est un taux d’endémisme extrême à tous égards. Les habitats afro‑alpins ont été reconnus comme un lieu d’importance mondiale dans littéralement tous les grands exercices de fixation des priorités de conservation au niveau mondial. 

Au moment de l’inscription, la musaraigne Crocidura harenna, le rat-taupe géant Tachyoryctes macrocephalus, l’amphibien Altiphrynoides malcolmi et les grenouilles Balebreviceps hillmani et Ericabatrachus baleensis ne sont trouvés que dans les monts Balé. Selon les estimations, le bien abrite les deux tiers de la population mondiale du nyala de montagne endémique, la plus importante population du loup d’Abyssinie endémique et la sous‑espèce endémique de guib harnaché de Menelik. Le cercopithèque du Balé est endémique des hauts plateaux d’Éthiopie, à l’est de la vallée du Rift et limité à la ceinture de bambous des monts Balé et des hauts plateaux de Sidamo.

Intégrité

Couvrant 215 000 hectares, le bien est une représentation significative et viable des forêts afro‑alpines et associées. Le plateau de Sanetti afro‑alpin est entièrement situé à l’intérieur du bien. Au pied de l’escarpement méridional, se trouve la forêt tropicale humide d’Harenna, une des plus grandes forêts naturelles d’Éthiopie, qui s’est vu accorder un statut de protection dans la législation nationale et s’étend sur environ 100 000 hectares à l’intérieur du PNMB et sur les zones adjacentes. La couverture forestière du parc est pratiquement continue, très peu fragmentée ou dégradée. La jungle dense, verte et brumeuse possède d’énormes arbres aux branches drapées de mousse et un sous‑étage impénétrable enveloppé dans un enchevêtrement de plantes rampantes parmi lesquelles poussent le café sauvage et des plantes médicinales. À la différence d’une bonne partie de l’écorégion en général, les terres et les ressources protégées dans le parc national sont encore en relativement bon état de conservation grâce aux efforts de conservation déployés depuis longtemps, à l’emplacement reculé et au terrain accidenté.

Néanmoins, les pressions sur les valeurs de conservation de la nature du bien au moment de l’inscription sont liées à des pratiques non durables associées à l’augmentation des établissements humains à l’intérieur et autour du parc, y compris l’expansion du pâturage du bétail et de l’agriculture. Certes, il y a eu des dégradations localisées, mais toute la gamme des écosystèmes et la diversité des habitats, hébergeant des assemblages complets d’espèces indigènes, persistent. Parmi les autres menaces à l’intégrité du PNMB nécessitant une attention à long terme, il y a une route existante qui traverse des habitats vulnérables clés du parc. La route apporte des perturbations directes et facilite l’accès à des zones reculées.

Le bien, avec ses limites claires et légalement définies, est de taille suffisante pour protéger un exemple vaste, particulièrement précieux et encore remarquablement intact des écosystèmes et de la mosaïque d’habitats reliés de cette région. Le bien a une zone tampon reconnue, comprenant les 29 qebelés voisins (la plus petite unité administrative d’Éthiopie) entourant les limites du parc légalement déclarées et délimitées comme investissement clé dans l’intégrité future du bien. La zone tampon elle‑même abrite des valeurs très importantes pour la conservation et protège la connectivité du paysage au‑delà du bien.

Eléments requis en matière de protection et de gestion

Le Parc national des monts Balé est géré par l’EWCA (Autorité éthiopienne de conservation de la faune sauvage). L’EWCA est un organe autonome, créé par Déclaration no 575/2008 de la République démocratique et fédérale d’Éthiopie et réglementé par la Loi nationale sur le développement, la conservation et l’utilisation des espèces sauvages (Déclaration no 541/2007). La superficie totale du bien, soit 215 000 hectares, jouit d’un niveau élevé de protection légale correspondant à la Catégorie II des aires protégées de l’UICN. Le parc national est entouré par une zone tampon officiellement reconnue de 235 121 hectares, d’une largeur de 5 à 20 km environ à partir des limites du parc. L’État national régional d’Oromia agit par l’intermédiaire des comités des woredas (autorités de district) et qebelés locaux qui sont des partenaires d’importance critique pour la gestion du bien et de la zone tampon. Le Règlement 338/2014 prévoit la mise en place d’un Comité consultatif du parc (CCP) statutaire où sont représentés les woredas jouxtant le parc. Dans chaque woreda, un Forum de dialogue communautaire du parc (FDCP) est établi et accueille des représentants de chacun des qebelés adjacents au parc. Le CCP fait rapport au Comité de coordination régional-fédéral de Balé qui donne les orientations politiques concernant la lutte contre les menaces exercées sur le parc.

Dans la zone tampon, l’État national régional d’Oromia, les organes gouvernementaux locaux et l’OFWE (Entreprise des forêts et de la faune sauvage d’Oromia) soutiennent une gouvernance plus intégrée et d’échelle paysagère de l’écorégion de Balé avec les coopératives de Gestion participative des forêts (GPF), les Conservatoires communautaires (CC) et les Zones cynégétiques contrôlées (ZCC) liés au parc par l’intermédiaire d’organismes tels que le FDCP. La gouvernance de la zone tampon favorise l’utilisation durable des ressources naturelles par les communautés proches du parc sans compromettre la conservation et les services écosystémiques du bien.

Géré par l’EWCA, le parc a son propre bureau d’administration avec des postes additionnels de gardiens et des camps mobiles. Le personnel du parc comprend environ 80 gardiens au moment de l’inscription. La gestion stratégique et opérationnelle du bien est guidée par des plans de gestion généraux décennaux (PGG) qui comprennent des programmes de gestion sur le fonctionnement du parc ; la gestion du tourisme ; la gestion intérimaire des établissements et du pâturage ; la gestion écologique et l’information. En outre, un Plan de développement du tourisme guide les mesures de gestion afin d’améliorer les avantages du tourisme pour les communautés tout en gérant l’impact des visiteurs sur le bien. Les menaces pesant sur le bien sont traitées de manière active dans le cadre du Programme intérimaire de gestion des établissements et du pâturage du Plan de gestion général, d’une Stratégie de réduction des pressions du pâturage et d’une Stratégie d’amélioration des moyens d’existence associée, qui visent à réduire le bétail jusqu’à un niveau durable et à étendre progressivement les zones interdites au pâturage en appliquant un processus participatif avec les communautés concernées. Le respect rigoureux d’une approche fondée sur les droits et du principe du consentement libre, préalable et éclairé des communautés concernées est une condition essentielle de la gestion du bien.

Une des difficultés au‑delà de la portée de l’EWCA et de la gestion du parc est posée par les désordres civils sporadiques mais la situation s’améliore. Néanmoins, des progrès ont été faits du point de vue de l’amélioration de la communication et de la collaboration avec tous les parties prenantes et détenteur des droits, une tâche cruciale à long terme. Des efforts sont en cours pour améliorer le dialogue d’importance critique et la coopération avec les populations locales, les utilisateurs des ressources et tous les niveaux de gouvernement. Des mécanismes sont en train d’émerger afin de mieux intégrer la protection du parc dans les stratégies de développement locales en mettant l’accent sur la question des problèmes posés par les établissements et le pâturage dans le parc, tout en tenant pleinement compte des besoins locaux.

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