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Parc Maloti-Drakensberg

Destination le Parc Maloti-Drakensberg

Le Parc Maloti-Drakensberg est un site transfrontalier composé de l’uKhahlamba / Parc national de Drakensberg en Afrique du Sud et du Parc national de Sehlathebe au Lesotho. Le site offre une beauté naturelle exceptionnelle qui s’exprime tant à travers ses contreforts de basalte vertigineux, ses arrière-plans incisifs et spectaculaires et ses remparts de grès dorés que par ses grottes, falaises, piliers et bassins dans la roche. La diversité des habitats du site protège un grand nombre d’espèces de plantes endémiques et capitales au niveau mondial. Le site accueille des espèces menacées tel le vautour du Cap (Gyps coprotheres) et le gypaète barbu (Gypaetus barbatus). Le Parc national de Sehlathebe au Lesotho accueille également le poisson Cyprinidé (Pseudobarbus quathlambae), une espèce de poisson en voie d’extinction vivant exclusivement dans ce parc. Ce bien naturel spectaculaire compte également de nombreuses grottes et abris rocheux où l’on trouve le plus important et le plus dense groupe de peintures rupestres d’Afrique, au sud du Sahara. Ces peintures représentent la vie spirituelle du peuple San, qui a vécu sur ces terres pendant plus de quatre millénaires.

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Le site transfrontalier du patrimoine mondial Maloti Drakensberg est un bien transnational qui s’étend le long de la frontière entre le Royaume du Lesotho et la République d’Afrique du Sud. Le bien comprend le (6 500 ha) au Lesotho et le Parc d’uKhahlamba Drakensberg (242 813 ha) en Afrique du Sud. Le site transfrontalier du patrimoine mondial Maloti Drakensberg est renommé pour ses paysages naturels spectaculaires, son importance en tant que refuge pour de nombreuses espèces menacées et endémiques, ainsi que pour la richesse de ses peintures rupestres réalisées durant 4000 ans par le peuple san. Le bien couvre une superficie de 249 313 ha, ce qui en fait le plus vaste complexe d’aires protégées le long du Grand Escarpement de l’Afrique australe.

La chaîne de montagnes du Maloti Drakensberg constitue la principale région productrice d’eau d’Afrique australe. Les zones longeant la frontière internationale entre les deux pays créent une ligne de partage des eaux sur l’escarpement qui forme le bassin versant de deux des plus vastes bassins hydrographiques d’Afrique australe. Le fleuve Thukela coule vers l’est pour se jeter dans l’océan Indien tandis que le fleuve Senqu/Orange en provenance du Parc national de Sehlabathebe coule vers l’ouest pour se jeter dans l’océan Atlantique. Les rivières du sud de la chaîne de montagnes du Maloti Drakensberg, dont celles du Parc national de Sehlabathebe, se déversent dans le fleuve Senqu/Orange qui se jette dans l’Océan Atlantique, aussi l’extension du site du patrimoine mondial « Parc d’uKhahlamba Drakensberg » au Parc national de Sehlabathebe permettra d’accroître les qualités hydrologiques de la zone.

Avec ses vallées fluviales vierges et encaissées et ses gorges escarpées, le bien comporte de nombreuses grottes et abris rocheux comptant selon les estimations 665 sites d’art rupestre avec plus de 35 000 dessins différents. Les images représentent des animaux et des êtres humains et témoignent aussi de la vie spirituelle du peuple san ; elles incarnent une tradition exceptionnellement cohérente et représentative des croyances et de la cosmologie de ce peuple sur plusieurs millénaires. On trouve aussi des peintures réalisées aux XIXe et XXe siècles, attribuables aux autochtones d’expression bantoue.

S’étendant sur presque toute la frontière sud-ouest entre le KwaZulu-Natal et le Lesotho, le bien est un refuge vital pour plus de 250 espèces végétales endémiques et la faune associée. On y trouve également la quasi-totalité de la végétation subalpine et alpine restante au KwaZulu-Natal, y compris de vastes zones humides d’altitude au-dessus de 2 750 mètres et c’est un site RAMSAR. Le parc a été classé Zone importante pour la conservation des oiseaux et il constitue un élément essentiel de la Zone endémique de l’avifaune des montagnes du Lesotho.

Critère (i) : L’art rupestre du Parc Maloti-Drakensberg constitue le groupe le plus important et le plus dense de peintures rupestres d’Afrique subsaharienne et il est remarquable par sa qualité comme par la diversité de ses sujets.

Critère (iii) : Le peuple san a vécu dans la région montagneuse du Maloti-Drakensberg pendant plus de quatre millénaires, laissant derrière lui un corpus d’art rupestre exceptionnel, témoignage unique qui met en exergue son mode de vie et ses croyances.

Critère (vii) : Le site est d’une beauté naturelle exceptionnelle avec ses contreforts de basalte vertigineux, ses arrière-plans incisifs et spectaculaires et ses remparts de grès dorés. Les prairies de haute altitude, les vallées fluviales vierges et encaissées et les gorges rocheuses ajoutent encore à la beauté du site.

Critère (x) : Le bien abrite des habitats naturels importants pour la conservation in situ de la diversité biologique. Sa richesse en espèces, particulièrement en plantes, est exceptionnelle. Reconnu comme centre mondial de diversité végétale et d’endémisme, il se trouve dans sa propre région florale, la région alpine du Drakensberg d’Afrique du Sud. Il se trouve aussi dans une zone endémique de l’avifaune importante au plan mondial et il est remarquable par la présence de plusieurs espèces menacées au plan mondial, comme le pipit à gorge jaune. La diversité des habitats est exceptionnelle avec un vaste ensemble de plateaux alpins, de pentes rocheuses vertigineuses et de vallées fluviales. Ces habitats protègent un nombre important d’espèces endémiques et menacées.

Intégrité
Composé de douze aires protégées établies entre 1903 et 1973, l’uKhahlamba/Parc du Drakensberg a une longue histoire de gestion efficace en matière de conservation. Couvrant 242 813 hectares, il est assez grand pour être viable en tant qu’aire naturelle et maintenir des valeurs naturelles. Il comprend quatre zones de nature sauvage classées qui composent près de 50 % du Parc. Bien qu’il n’ait quasiment pas été touché par le développement anthropique, le bien reste vulnérable à des utilisations externes des terres – dont l’agriculture, les plantations forestières et l’écotourisme –, même si des accords ont été mis en œuvre entre Ezemvelo KZN Wildlife et les partenaires locaux concernés pour gérer ces menaces.

Les espèces envahissantes et les incendies menacent aussi l’intégrité du site, tout comme les revendications territoriales dans certaines régions, le développement d’infrastructures, l’érosion des sols causée par le feu et les impacts du tourisme sur des sentiers alpins vulnérables, ainsi que le braconnage. L’absence de protection officielle de l’écosystème montagneux à la frontière du Lesotho accentue ces menaces.

Les problèmes frontaliers mis en évidence lors de l’inscription portaient sur l’enclave appartenant au Conseil traditionnel amaNgwane et amaZizi, entre la partie septentrionale du parc et sa partie méridionale, beaucoup plus vaste. Des mécanismes de planification limitent le développement au-dessus de 1 650 m pour maintenir l’intégrité écologique mais il a été́ recommandé de conclure un accord de coopération entre le Conseil traditionnel amaZizi et amaNgwane et Ezemvelo KZN Wildlife. Il a également été recommandé de procéder à une extension des aires de conservation par accord avec les propriétaires privés possédant des terrains le long de l’escarpement vers le sud du bien. Enfin, une mesure importante de renforcement de l’intégrité a été la création de l’aire de mise en valeur et de conservation transfrontalière Drakensberg-Maloti qui a reconnu l’importance d’un Parc transfrontalier de la Paix reliant le Parc national de Sehlabathebe (et peut-être un jour les zones de gestion contiguës des monts Sehlabathebe et Mohotlong) au Lesotho avec l’uKhahlamba/Parc du Drakensberg. Les comités de coordination du projet du KwaZulu-Natal et du Lesotho coopèrent au processus de planification.

La zone d’extension, comprenant le Parc national de Sehlabathebe (6500ha), est protégée depuis 1970 en tant que réserve naturelle et parc national, et a été publié en 2001 afin d’améliorer la protection de la biodiversité et des paysages de ce bien. Cette zone, ajoutée au site du Patrimoine mondial « Parc d’uKhahlamba Drakensberg » permet de protéger de manière suffisante la biodiversité et les valeurs culturelles de la zone.

Le bien abrite le principal corpus d’art rupestre associé au peuple san dans cette région. Une concentration relativement importante de sites d’art rupestre semble présente dans la zone tampon ouest située au Lesotho et il conviendrait d’en entreprendre des relevés, parallèlement à ceux du Parc Maloti-Drakensberg, pour juger de leur contribution potentielle à la Valeur universelle exceptionnelle. Bien que la région ait relativement peu changé depuis l’époque où les grottes étaient habitées, les pratiques de gestion, la coupe d’arbres (qui, autrefois, protégeaient les peintures) et la fumée des brûlis peuvent avoir un impact sur les peintures fragiles des abris rocheux, tout comme l’accès non réglementé́ du public.

Authenticité

La synthèse des sites d’art rupestre et leur cadre naturel dans le Parc Maloti-Drakensberg témoignent d’un très fort sens d’authenticité en termes de cadre, de lieu et d’atmosphère, mais aussi de matériaux, de substance et de savoir-faire. Il convient de noter comme élément positif que dans d’importantes parties du bien aucun traitement systématique de conservation ou de consolidation n’a été entrepris, ce qui a laissé les sites d’art rupestres peut-être plus fragiles mais avec le plus haut degré possible d’authenticité. Les sites restent étroitement intégrés au paysage environnant et ils témoignent de manière crédible des récits de la vie et de l’activité du peuple san confronté aux dures conditions climatiques de la région et à l’exploitation nécessaire des ressources naturelles et des abris. Les rayons UV et les intempéries pourraient faire passer les couleurs et réduire la lisibilité des images, ce qui risque par la suite d’affaiblir la capacité de transmission de leur message. Il est important qu’une documentation explicative aide à l’interprétation du contenu de ces images pour en retrouver le sens que leur donnait le peuple san.

Eléments requis en matière de protection et de gestion

La synthèse des sites d’art rupestre et leur cadre naturel dans le Parc Maloti-Drakensberg La gestion du Parc est guidée un plan de gestion intégrée qui comprend des plans subsidiaires et qui est entrepris selon la loi sur la Convention du patrimoine mondial, de 1999 (loi n° 49 de 1999) ; la gestion nationale de l’environnement : loi sur les aires protégées, 2003 (loi n° 57 de 2003) ; la loi sur la biodiversité pour la gestion nationale de l’environnement, 2004 (Afrique du Sud, loi n° 10 de 2004) ; la loi d’amendement sur la gestion de la préservation de la nature du KwaZulu-Natal (loi n° 5 de 1999) ; la proclamation de la préservation de la faune sauvage (Lesotho, proclamation n° 5 de 1951) ; la loi sur les monuments historiques, les reliques, la faune et la flore (Lesotho, loi n° 41 de 1967) ; la Loi sur le Patrimoine National de 2011 et la Loi Environnement (Lesotho, No. 10 de 2008); les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial ; les politiques environnementales de Lesotho et les politiques générales d’Ezemvelo KZN Wildlife. Selon cette législation, toute forme de développement à l’intérieur ou à l’extérieur du bien est soumise à une évaluation d’impact sur l’environnement qui tient compte de la valeur universelle exceptionnelle du bien. En outre, tous les biens du patrimoine mondial sont reconnus comme des aires protégées, ce qui signifie que l’exploitation et la prospection minières seront totalement interdites à l’intérieur du bien ou dans la zone tampon classée. D’autre part, aucun développement inapproprié ayant un impact potentiel sur le bien ne sera autorisé par le Ministre sud-africain de l’Eau et de l’Environnement et par le Ministre lesothan de l’Environnement et de la Culture qui sont responsables de la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial.

Les espèces envahissantes et les incendies posent de très importants problèmes de gestion. Lors de l’inscription, 1 % du bien était couvert de végétation exotique – dont des plantations et des acacias envahissants. Il s’agit là d’une menace pour l’intégrité écologique du parc, ainsi que pour le rendement en eau des zones humides et des réseaux hydrographiques. La gestion du Parc s’attaque activement à l’élimination d’espèces exotiques. L’interaction entre la gestion d’espèces envahissantes et la gestion des incendies devrait aussi être soigneusement étudiée, en tenant compte des effets du feu sur la faune sensible au feu comme les grenouilles endémiques. La gestion des feux et des espèces envahissantes doit être traitée conjointement par le Lesotho et le KwaZulu-Natal, de préférence dans le cadre établi pour la coopération transfrontalière pour les aires protégées.

Il faut veiller à assurer un équilibre équitable entre la gestion de la nature et de la culture en intégrant des compétences spécialisées en patrimoine culturel dans la gestion du Parc. Il convient aussi d’allouer aux autorités responsables du patrimoine culturel des budgets appropriés pour les travaux d’inventaire, de conservation et de suivi. Cela permettra de faire en sorte que tous les processus de gestion des terres respectent les peintures, que les sites d’art rupestre bénéficient d’abris naturels adaptés, qu’un suivi des dessins rupestres soit régulièrement effectué par des spécialistes qualifiés en conservation, et que l’accès aux peintures soit correctement réglementé. D’autre part, il faudra aussi veiller à entreprendre des évaluations d’impact sur le patrimoine culturel concurremment avec les évaluations d’impact sur l’environnement pour tout projet d’aménagement concernant le cadre dans le périmètre du bien.

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