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Paysage culturel de Mapungubwe

Destinaton le paysage culturel de Mapungubwe

Mapungubwe est adossé à la frontière nord qui sépare l’Afrique du Sud du Zimbabwe et du Botswana. C’est un vaste paysage de savane parsemé d’arbres, de quelques épineux, de baobabs colossaux, autour de terrasses de grès s’élevant au-dessus de la plaine. Au confluent du Limpopo et de la Shashe et enjambant les routes nord/sud et est/ouest dans le sud de Afrique, Mapungubwe fut le plus grand royaume du sous-continent avant son abandon au XIVe siècle. Il en survit des vestiges quasi intacts des sites des palais, avec toute la zone de peuplement qui en dépend, et deux capitales antérieures. L’ensemble offre un panorama inégalé du développement de structures sociales et politiques sur quelque 400 ans.

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

Le paysage culturel de Mapungubwe témoigne de l’ascension et de la chute du premier royaume indigène du sud de l’Afrique entre 900 et 1300 après J.-C. La zone centrale couvre environ 30 000 hectares qu’entoure une zone tampon d’environ 100 000 hectares. Parmi les sites collectivement connus sous le nom de sites de Zhizo se trouvent les vestiges de trois capitales, Schroda, Leopard’s Kopje et la dernière située autour de la colline de Mapungubwe, leurs  peuplements satellites et les terres au confluent du Limpopo et de la Shashe, dont la fertilité permettait de subvenir aux besoins de la population dense qu’abritait le royaume.

La position de Mapungubwe, au carrefour des routes nord/sud et est/ouest dans le sud de l’Afrique, lui a également permis de contrôler le commerce via les ports d’Afrique de l’Est vers l’Inde et la Chine et dans le sud de l’Afrique. Il extrayait l’or et l’ivoire depuis son arrière-pays –des denrées rares ailleurs– ce qui lui a apporté une grande richesse, comme en témoignent les importations de porcelaine de Chine et de perles de verre perses.

Ce commerce international créa aussi une société dont la richesse était étroitement liée aux ajustements idéologiques et aux changements de l’architecture et de l’urbanisme. Jusqu’à sa chute à la fin du XIIIe siècle après J.-C., Mapungubwe était le plus important peuplement à l’intérieur des terres du sous-continentafricain et son paysage culturel recèle des quantités d’informations dans des sites archéologiques qui illustrent son développement. Les preuves révèlent comment le commerce a cru et a été développé, influencé par une élite sacrée, où le roi se tenait isolé des populations implantés dans les peuplements alentour.

La chute de Mapungubwe fut entraînée par un changement climatique. Sur les deux derniers millénaires, dans la vallée du Limpopo et de la Shashe, des périodes de chaleur et d’humidité parfaites pour l’agriculture alternèrent avec des périodes plus froides et plus sèches. Avec la baisse des précipitations après l’an 1300 après J.-C., la terrene put continuer à subvenir aux besoins d’une population importante au moyen des méthodes de l’agriculture traditionnelle, et les habitants furent contraints de se disperser. La position de Mapugubwe en tant que siège du pouvoir se déplaça au nord vers le Grand Zimbabwe et, ensuite, vers Khami.

Les vestiges de ce fameux royaume, lorsqu’ils sont observés par rapport à la faune et la flore contemporaines et aux formations géomorphologiques de la confluence du Limpopo et de la Shashe, créent un impressionnant paysage culturel d’une grande importance universelle.

Critère (ii) : Le paysage culturel de Mapungubwe abrite des preuves d’importants échanges de valeurs humaines qui ont conduit à des changements culturels et sociaux aux influences énormes dans le sud de l’Afrique entre 900 et 1300 après J.-C.

Critère (iii) : Les vestiges du paysage culturel de Mapungubwe offrent un témoignage remarquablement complet de l’essor puis du déclin de l’État de Mapungubwe qui fut, à son apogée, le plus grand royaume du sous-continent africain.

Critère (iv) : La fondation du royaume de Mapungubwe, qui devait sa puissance au commerce des ports d’Afrique de l’Est avec l’Arabie et l’Inde, fut une période marquante de l’Histoire du sous-continent africain. 

Critère (v) : Les vestiges du paysage culturel de Mapungubwe illustrent de manière vivante l’impact du changement climatique et témoignent de l’essor, puis du déclin du royaume de Mapungubwe, illustrant clairement l’histoire d’une culture devenue vulnérable au changement irréversible.

Intégrité

Tous les vestiges des principaux peuplements sont dans le bien proposé, à l’instar de toutes les phases principales de l’ascension et de la chute du royaume de Mapungubwe. Le bien contient de vastes parcelles de paysage culturel quasiment intactes et de très haute qualité mais, elles sont séparées par des zones de plantations d’agrumes et des champs à irrigation circulaire sous propriété privée, qui sont en attente de leur déclassement.

L’énorme entreprise agricole de la phase finale de Mapungubwe a disparu. Bien qu’une grande partie du paysage soit maintenant revenue à son état d’origine, servant de pâturage aux animaux sauvages, la récente ouverture du bien au gros gibier, et notamment aux éléphants, doit être prise en compte et est placée sous surveillance.

Messina est une riche région minière et les opérations des mines de diamants de Riedel (petite exploitation) et Venetia (grande exploitation) pourraient avoir un impact potentiel sur le bien. La découverte d’autres dépôts de minerais précieux n’est pas impossible non plus. Les droits miniers ayant été rendus depuis peu à l’État, on s’attendait à avoir un meilleur contrôle à l’avenir, mais l’octroi d’une concession d’exploitation du charbon à 5 km de la limite du bien, dans une zone extrêmement sensible adjacente au fleuve Limpopo et dans la zone tampon proposée qui a été soumise au moment de l’inscription, est une menace considérable.

L’intégrité du site a été affectée par la qualité médiocre des fouilles menées dans les années 1930, dont on peut dire qu’elles ont entraîné la perte de traces précieuses et qu’elles ont donc compromis l’intégrité du site, tant en termes physiques qu’intellectuels.

Authenticité

Le bien proposé pour inscription et la zone tampon n’ont pratiquement subi aucune forme destructive d’intervention humaine depuis l’abandon des vestiges et les activités agricoles contemporaines n’ont pas eu d’impact majeur sur le paysage culturel pour ce qui est de sa capacité à transmettre sa valeur. Toutefois, il convient de s’assurer que les anciennes fouilles n’ont pas été érodées par les forces climatiques ni par le flux incontrôlé de visiteurs.

Eléments requis en matière de protection et de gestion

Le site et la zone tampon de Mapungubwe sont protégés du point de vue juridique par la loi sur les ressources du patrimoine national (loi N° 25 de 1999), la loi sur la Convention du patrimoine mondial (loi N° 43 de 1999) et la loi nationale sur la gestion de l’environnement (loi N° 73 de 1989).

Le bien est aussi reconnu comme une aire protégée en application de la loi nationale sur la gestion de l’environnement : Aires protégées, 2003 (loi N°57 de 2003). Cette législation implique que la prospection ou l’exploitation minière est formellement interdite à l’intérieur du bien et de la zone tampon. D’autre part, tout projet de développement  ayant un impact potentiel sur le bien doit être soumis à une évaluation d’impact environnemental. 

SANParks est l’autorité de gestion du bien et assure l’ensemble de la gestion, ce qui implique de coordonner les efforts du gouvernement et de la communauté locale pour conserver le site. SANParks poursuit actuellement la mise à jour du plan de gestion intégrée. Des réunions consultatives avec les acteurs et les communautés locales ont lieu régulièrement sur le site à travers le forum du parc et d’autres formes d’engagement.

Un mémorandum d’accord trilatéral a été rédigé en vue de créer la Limpopo-Shashe Transfrontier Conservation Area (TFCA – zone de conservation transfrontalière Limpopo-Shashe). Une fois établie, cette très vaste étendue de 5 040 km2 constituera une zone tampon efficace. Il est prévu que chaque pays participant se concentre sur une facette de la protection : le patrimoine culturel en Afrique du Sud, la faune au Botswana et les cultures vivantes au Zimbabwe.

Pour aider à garantir la protection à long terme du bien, il est nécessaire d’achever le plan de gestion intégrée et de soumettre la zone tampon à l’approbation du Comité du patrimoine mondial.

Il convient aussi de s’assurer que tout projet d’exploitation du sous-sol est conforme aux recommandations de l’Atelier technique sur le patrimoine mondial et l’exploitation minière adoptées à la 24e session du Comité du patrimoine mondial, pour être sûr que l’extraction minière ne constitue pas une menace pour le bien, sa zone tampon ou son cadre plus général.

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