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Abbaye et Altenmünster de Lorsch

Découvrir l’Abbaye et Altenmünster de Lorsch

L’ensemble formé par l’abbaye et son entrée monumentale, la célèbre « Torhalle », est un rare témoignage architectural de l’époque carolingienne, avec des sculptures et des peintures de cette période remarquablement bien conservées.

Valeur universelle exceptionnelle de l’Abbaye et Altenmünster de Lorsch

Brève synthèse

La ville de Lorsch dans la Hesse, en Allemagne, abrite la célèbre « Königshalle ». En dehors des pignons gothiques et de quelques vestiges de réparations et réalisations passées, cette porte est l’un des très rares édifices de l’époque carolingienne à avoir conservé son apparence originale. C’est un vestige de la grandeur passée de l’abbaye fondée vers 764. Le monastère a probablement atteint son apogée en 876 lorsque, à la mort de Louis II le Germain, il est devenu le lieu de sépulture des rois carolingiens de la partie orientale du royaume franc.

Le monastère a prospéré tout au long du XIe siècle, avant d’être ravagé par un incendie en 1090. Au XIIe siècle, une onéreuse reconstruction a été réalisée. Après que Lorsch fut incorporée dans l’électorat de Mayence (1232), il a perdu une grande partie de ses privilèges. Les Bénédictins furent remplacés tout d’abord par les Cisterciens puis par les Prémontrés. Qui plus est, l’église dut être restaurée après un autre incendie et adaptée aux nouveaux besoins liturgiques. Les glorieuses institutions carolingiennes se détériorèrent peu à peu sous l’impact des aléas politiques et des guerres : Lorsch fut rattachée au Palatinat en 1461, restituée à Mayence en 1623, puis incorporée dans l’électorat de Hesse en 1803. La vie monastique prit fin à la suite de la Réforme protestante du Palatinat en 1556.

Critère (iii) : Le complexe religieux représenté par l’ancienne abbaye de Lorsch, avec sa porte vieille de 1 200 ans, unique et en excellent état, est un témoignage architectural rare de l’époque carolingienne, avec des sculptures et des peintures de cette période étonnamment bien conservées.

Critère (iv) : L’abbaye de Lorsch, avec sa porte carolingienne, est un témoignage architectural de l’éveil de l’Occident à l’esprit du haut Moyen Âge sous le premier roi et empereur, Charlemagne.

Intégrité

Dans le cas de l’Abbaye et Altenmünster de Lorsch, l’intégrité est liée aux vestiges architecturaux, à savoir le hall d’entrée et le bâtiment principal de l’abbatiale, documentant une étonnante variété de styles architecturaux. L’enceinte abbatiale et les constructions commerciales qui ont suivi l’apogée de l’abbaye sont un exemple et – dans une certaine mesure – les symboles de l’ascension, de la gloire et de la chute de l’une des plus grandes abbayes d’Europe, dont aucune ne nous est parvenue intacte. La surface de l’abbaye, à laquelle aucune superstructure n’a été ajoutée, consiste pour le moins aux deux tiers en un site archéologique intact, conservant les reliques matérielles de plus de 800 ans de vie monastique. Avec les vestiges monumentaux et les fragments qui nous sont parvenus de l’antique bibliothèque, le patrimoine culturel de l’abbaye de Lorsch a été un des centres spirituels les plus puissants et actifs d’Europe centrale pendant des siècles.

Authenticité

L’Abbaye et Altenmünster de Lorsch remplissent les conditions d’authenticité grâce aux édifices préservés, en particulier grâce à la « Königshalle », qui demeure le plus bel et dernier exemple parfaitement conservé et largement intact d’architecture carolingienne en Europe centrale.

Tous les bâtiments sont entretenus, préservés, et présentés avec le plus grand soin possible, et font l’objet de recherches. Les sculptures et peintures de cette période sont encore en remarquablement bon état.

Éléments requis en matière de protection et de gestion

Les dispositions législatives et réglementaires de la République fédérale d’Allemagne et du Land de la Hesse garantissent en permanence la protection de l’Abbaye et Altenmünster de Lorsch et de ses environs. Tous deux sont classés comme monuments selon la Loi sur la protection des monuments culturels dans le Land de la Hesse. Le code d’urbanisme du Land règlemente la réalisation des projets de construction individuels. Le plan d’aménagement du territoire, ainsi que les plans de construction et le statut de préservation de la ville de Lorsch, garantissent la protection de l’intégrité visuelle. Complété par le plan de gestion, ce système de protection différencié garantit une préservation efficace et en bon état de la substance historique. La zone tampon a subi une modification mineure de ses limites pour garantir davantage la protection du site.

L’administration d’État pour les palais et jardins de la Hesse est en charge de la gestion de l’abbaye ; la ville de Lorsch est responsable de l’Altenmünster. Un service du patrimoine spécial, piloté par un expert, agit sur site. Dans le cas de problèmes de conservation difficiles, l’administration d’État pour les palais et jardins de la Hesse convoque une commission d’experts internationaux et indépendants, afin de garantir les normes les plus élevées pour la préservation de la substance historique du bien du patrimoine mondial.

© UNESCO http://whc.unesco.org/fr/list/515 Le Centre du Patrimoine mondial. Tous droits réservés.

L’abbaye de Lorsch, fondée en 764, fut construite à la périphérie de la ville de Lorsch (Allemagne, Hesse) dans la plaine du Rhin et devint un important centre culturel au Moyen Âge. Seul subsiste son Torhalle (Porche-entrée) qui est l’un des plus importants vestiges de l’architecture préromane en Allemagne et date du milieu du IXe siècle. Elle figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1991.

Succursale de la cour carolingienne, elle a été fondée par le comte Cancor et sa tante Landrada de Hesbaye et a été occupée par des moines bénédictins venant de Gorze près de Metz. En 885, l’abbaye était nommée Lauressam, le nom actuel étant apparu au cours du temps. L’église abbatiale et les bâtiments en bois d’origine étaient situés sur le terrain de l’actuelle cathédrale. La consécration de l’église fut faite par l’archevêque de Mayence Lull vers l’an 774 en présence de Charlemagne. Possédant l’une des plus grandes bibliothèques du Moyen Âge, l’abbaye avait des possessions dans la forêt d’Odenwald, la Bergstraße, la Hesse rhénane, l’Alsace et la Lorraine. L’abbaye devint une possession de l’électorat de Mayence en 1232 puis du Palatinat du Rhin à partir de 1461. L’abbaye fut dissoute en 1564 puis incendiée en 1621 lors de la retraite des Espagnols.

Des documents précieux ont été produits ou conservés dans cette abbaye, en particulier l’évangéliaire, le codex, la pharmacopée et les Annales de Lorsch.

D’après le codex de Lorsch, l’abbaye fut fondée en 764 en tant qu’église propriétaire (Eigenkloster en allemand, ecclesia propria en latin) par le Robertien Cancor (comte en Alémanie jusqu’en 758 puis comte en Rheingau jusqu’à sa mort en 771) et sa mère Williswinth. Elle est située au bord de la Weschnitz. Des actes encore existants laissent penser qu’une église dédiée à saint Pierre et fondée par cette famille existait déjà. L’église fut probablement transformée en abbaye pour servir de nécropole à la famille. Elle fut remise à l’évêque Chrodegang de Metz, le fils de Landrada de Hesbaye, qui fut donc le premier abbé. L’évêque, légat du pape, était un des membres les plus influents du clergé franc et entretenait de bonnes relations avec le maire du palais Pépin le Bref.

L’abbaye fut peuplée par des moines bénédictins venus de Gorze, une abbaye fondée quelques années auparavant par Chrodegang vers 747. Sur la demande de Chrodegang qui souhaitait avoir des reliques, le pape Paul Ier envoya des ossements de saint Nazaire, qui arrivèrent le 11 juillet 765. L’abbaye reçu d’autres donations, le nombre des pèlerins augmenta considérablement. C’est peut-être pour cela qu’une nouvelle église fut construite un peu plus haut à partir de 765 sur un terrain donné par Thurinkbert, un frère de Cancor. Cette année-là aussi, Chrodegang est remplacé par un de ses frères, Gundeland, en tant qu’abbé. Lorsque Chrodegang meurt en mars 766, l’abbaye compte seize moines.

La transformation d’une abbaye propriétaire en une abbaye royale fut provoquée par Heimerich, le fils de Cancor. À la mort de Cancor, Heimerich voulut faire valoir ses droits sur l’abbaye. L’abbé Gundeland (765-778) se tourna donc vers le tribunal de la cour de Charlemagne où ses droits furent reconnus. Sur ce, Gundeland remit l’abbaye à Charlemagne pour sortir de l’emprise de la noblesse et des évêchés voisins de Mayence et de Worms. Charlemagne prit donc l’abbaye sous sa protection qui obtint ainsi l’immunité, le droit de choisir ses abbés et l’obligation de servir le roi (servitum regis). C’est dans ce contexte qu’il faut voir la donation par Charlemagne en 773 et 774 de la marche d’Heppenheim et de la villa d’Oppenheim.

L’abbaye possédait une des plus grandes bibliothèques du Moyen Âge. Elle fut incorporée par la suite dans la bibliothèque palatine. Ainsi, par exemple, l’évangéliaire fut déplacé à Heidelberg par Otto Heinrich au XVIe siècle.

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